Mezouar au Club de L’Economiste Retraites: Une frilosité qui risque de coûter cher

-Des pertes pour les caisses dès 2013
-RAM a besoin d’un partenaire stratégique
-10 à 15% d’économies sur les dépenses publiques


- L’Economiste: A quoi faut-il s’attendre sur le dossier des retraites?
- Salaheddine Mezouar : C’est un dossier qui n’a pas été bouclé. Nous avons fait le choix du consensus et nous ne sommes pas allés jusqu’au bout. Mais le prochain gouvernement et les partenaires sociaux n’auront pas d’autres alternatives que de le régler en 2012. Sinon, ils prennent la responsabilité collective d’engager les caisses dans des pertes dès 2013 et peut-être avant pour la CMR. Cela serait de l’irresponsabilité. Il y a toujours une limite à la divergence, à la surenchère. Aujourd’hui, nous n’avons plus de raison de ne pas entamer la réforme des retraites.

- Où en est l’enquête sur les délits d’initiés à la Bourse?
- Nous avons introduit un certain nombre de dossiers lors du dernier conseil d’administration du CDVM. Trois dossiers avaient besoin d’un complément d’information. Je suppose qu’ils sont prêts. Faut-il tenir le conseil maintenant ou pas? C’est une décision qui sera prise en concertation avec le patron du CDVM. Mais, franchement, dans ces histoires nous avons eu un comportement qui respecte les textes et qui veille sur la transparence des marchés.

- Mais vous donnez l’impression d’avoir tardé?
- Il est vrai que nous avons peut-être tardé cette année. Raison pour laquelle j’ai tenu à passer le texte sur l’indépendance du CDVM, idem pour les assurances. Il a été adopté en Conseil des ministres et en Conseil de gouvernement. Cela va permettre à cette instance de fonctionner en totale indépendance et de marquer son rythme indépendamment de celui du ministre.

- La RAM est-elle redressable?
- Je le pense. Le plan qui a été mis en place tient la route. La compagnie a besoin d’un partenaire stratégique. Le secteur de l’aviation connaît aujourd’hui plusieurs opérations de rapprochement et de fusion. Nous ne pouvons nous permettre de laisser une compagnie moyenne avec 48 avions. Cela ne marche pas. Avec moins de 100 avions, une compagnie ne peut être suffisamment rentable pour faire face aux chocs exogènes.

- Pourquoi pas une compagnie maghrébine?
- Il faut d’abord que le Maghreb avance et c’est un projet très lointain. Nous devons probablement réfléchir à un partenaire stratégique, soit financier, soit une autre compagnie. En tout cas, il faut que la RAM puisse capitaliser sur ce qu’elle a et ce que peut apporter un autre opérateur, pas forcément un cador du secteur. Aujourd’hui, nous avons des compagnies moyennes qui peuvent nous apporter un avantage sur d’autres continents. Cette complémentarité entre le hub de Casablanca et un autre hub dans lequel opère une autre compagnie peut avoir un sens stratégique. Personnellement, je ne pense pas que la RAM devrait s’allier avec un partenaire de grande taille. Je reste convaincu qu’un partenariat avec une compagnie d’une taille similaire peut donner un avantage compétitif pour relancer la RAM de manière très forte.

- Peut-on revenir sur l’open sky?
- Non. C’est radical.

- La RAM attribue une partie de ses difficultés à la libéralisation de l’espace aérien?
- C’est typique de toutes les entreprises qui étaient en situation de monopole. Il y a un temps d’adaptation, la culture aussi. Le comportement n’est jamais le même.

Propos recueillis par Moulay Ahmed BELGHITI
Édition N° 3652 du 2011/11/04