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Pétrole, la hausse permanente ?
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Pétrole, la hausse permanente ?
De crise en crise, le prix du baril pourrait battre son record de 2008.
CRISES DANS LE MONDE ARABE, événements extrêmes au Japon… le prix du baril de pétrole fait le yo-yo. À la hausse, à cause des craintes de pénurie due à la guerre civile en Libye et à la réduction par quatre de la production du deuxième pays pétrolier africain (1,6 million de barils par jour) ; à la baisse, face à une potentielle chute de la demande nippone, troisième économie de la planète. Pour autant, il ne faut pas perdre de vue que si la crise libyenne a violemment fait rebondir le prix du baril de Brent, à 120 dollars, le 24 février dernier, celui-ci était déjà dans une phase ascendante depuis mars 2010.Après avoir établi son fameux record à 147 dollars en juillet 2008, il a chuté pour passer sous les 40 dollars en décembre de la même année, faisant écho à la crise financière et à la baisse de la croissance mondiale. Pour mettre fin à la dégringolade, l’Opep avait même réduit ses quotas. Elle n’est d’ailleurs pas officiellement revenue à ses niveaux de production antérieurs. De sorte que, en dehors de toute crise politique ou économique, les spécialistes s’accordent sur le fait que le pétrole est appelé à se maintenir à un niveau élevé. La demande mondiale ne cesse d’augmenter, tirée par la croissance des pays émergents, au premier rang desquels la Chine, 10 % de la demande mondiale en 2010. Et si l’offre tient encore, elle croît moins rapidement. À cela s’ajoute laconscience de plus en plus forte du caractère tarissable du combustible fossile. Les grands gagnants sont bien sûr les pays exportateurs, en particulier les pays arabes aux prises avec des mouvements citoyens. Avec un prix moyen du Brent à 79,5 dollars en 2010 (+ 29% par rapport à 2009), l’Algérie a annoncé en janvier des recettes d’hydrocarbures en hausse de 25 %, à 55,7 milliards de dollars. De quoi remplir ses caisses, poursuivre ses investissements publics à coups de dizaines de milliards de dollars et acheter la paix sociale. Lorsque les Algériens sont sortis dans la rue, en janvier, la première réponse apportée par Alger a été de limiter le coût de l’huile et du sucre. Comme l’Algérie, l’Arabie saoudite a des citoyens à chouchouter, et cela lui coûte cher : 36 milliards de dollars pour un train de mesures sociales annoncé fin février. Dès le début de la crise libyenne, le royaume avait annoncé fort à propos son intention d’augmenter sa production pour parer à toute pénurie. « Ce qu'il a fait, indique Francis Perrin, directeur de la revue Le Pétrole et Le gaz arabes, bien qu'il n’en rende pas compte officiellement. » Le royaume aimerait d’ailleurs sans doute produire davantage. En Afrique subsaharienne aussi les affaires des pays exportateurs se portent bien. Total Gabon, dont l’État est actionnaire à 25 %, a rendu publics en mars dernier des résultats nets en progression de 43 %, en 2010, à 202 millions de dollars, pour un chiffre d’affaires de 1,341 milliard, soit une hausse de 20 %. Pour les importateurs, le choix est plus réduit. La plupart des pays du Sud subventionnent leur carburant pour des raisons sociales et pour éviter qu’une forte facture ne ralentisse leur activité économique. Plus le prix du baril monte, plus les subventions doivent suivre, grevant ainsi les budgets nationaux. En 2010, elles ont coûté 250 milliards de dollars aux pays émergents et aux pays en développement, selon le FMI, qui appelle à leur suppression. D’autant que, insuffisamment ciblées, elles bénéficient davantage aux classes moyennes qu’aux plus pauvres. Au Maroc, leur coût pourrait atteindre 3 % du PIB cette année, contre 2,5 % l’année dernière. Sans multiplier le coût du carburant par quatre, comme l’Iran l’a fait en décembre dernier (le litre n’y coûtait que 0,10 dollars environ), quelques pays africains commencent néanmoins à le laisser filer, contraints par leurs faibles moyens. Au Ghana, le diesel et le super ont augmenté de 30 % dès le début du mois de janvier, alors que le baril était à 97 dollars. Ces hausses sont « inévitables en raison de la constante montée des prix du brut sur le marché mondial », avait expliqué Alex Mould, le directeur général de l’Agence nationale des hydrocarbures ghanéenne (NPA), un mois après l’inauguration du premier champ pétrolier du pays. Au Sénégal, pays où le manque à gagner en taxes sur les produits énergétiques se chiffrait à 487 millions de dollars en 2009, selon le FMI, le diesel est passé de 632 à 691 F CFA (1,3 à 1,5 dollar) le litre depuis décembre. À chaque fois, le mécontentement populaire s’exprime dans la rue, de même que la crainte d’une inflation, notamment à travers les hausses des prix des denrées alimentaires. Quant aux pays européens, où l’essence est très taxée, ils n’ont pas entendu les appels à réduire les taxes pour faire baisser les tarifs à la pompe. En France et en Angleterre, certaines catégories de carburant ont battu leurs records établis l’été 2008. Les États-Unis enfin – grands importateurs qui produisent néanmoins 80 % de leur consommation –, continuent de pratiquer une politique de prix faibles pour perpétuer leur « way of life », principe « non négociable » selon l’ancien président George W. Bush. Et très éloigné des préoccupations écologiques du G20
Par Said Aït-Hatrit
Posté le 12/04/2011 à 00:03
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