Baromètre de l’automobile Les «seconde-main» plus prisées

-Les propriétaires de voitures ont augmenté de 8%
-Moins de recours au crédit


«C’EST une erreur de considérer que Dacia n’est pas en concurrence avec Audi, BMW ou Mercedes». Une conclusion qui ressort du deuxième baromètre du marché de l’automobile réalisé par le cabinet d’étude Ipsos pour le compte d’Eqdom. Une étude qui a porté sur un échantillon de 1.000 personnes, incluant les CSP (catégorie socio-professionnelle) A, B et C sur quatre villes (Casablanca, Rabat, Fès et Agadir). Cible de l’étude: les propriétaires de voitures et les non-possesseurs de véhicules susceptibles d’en acheter un dans les 12 prochains mois. Les questionnaires ont été directement administrés. Toutefois, ces résultats sont à nuancer car l’étude n’a porté que sur le milieu urbain et dans un intervalle de 3 mois.
Aux yeux Jean-François Meyer, directeur général d’Ipsos Maghreb, le marché de l’automobile marocain s’oriente de plus en plus vers l’occasion plutôt que le neuf. A titre d’exemple, le choix se fait entre une BMW d’occasion et une Dacia neuve. Les intentions d’achat de véhicules sont en plus grande évolution dans le marché de l’occasion avec une hausse de 4 points entre 2010 et 2011. Une tendance qui se confirme malgré que ce marché soit totalement destructuré. Ceci étant, les concessionnaires doivent repenser le marché de l’occasion, recommande l’étude. L’Etat a aussi sa part de responsabilité. «Le système fiscal n’encourage pas les concessionnaires à s’orienter vers l’occasion», avait confié à L’Economiste Jean-Frédéric Piotin, PDG de Renault Maroc.
Pour sa part, le marché du neuf demeure en stagnation, même s’il continue à représenter 62% des intentions d’achat. En termes de prix, plus de la moitié de la population est prête à débourser entre 50.000 et 90.000 DH pour un véhicule d’occasion. Côté neuf, 42% estiment le prix d’acquisition entre 91.000 et 150.000 DH. Ces montants sont à relativiser car généralement le client dépense plus que ce qu’il avait prévu initialement. Tout en restant majoritaire, le financement par crédit perd 4 points face au financement au comptant. Cette tendance peut être attribuée au manque de communication et de sensibilisation des organismes de crédit ainsi qu’au resserrement des conditions d’octroi.
Aujourd’hui, il est davantage question de renouvellement que de première acquisition. Concrètement, 82% de la population étudiée est en situation de renouvellement. Ce sont généralement des clients déjà en procession de véhicules et plus exigeants en termes de critères d’achat. Cette situation contraint les concessionnaires à adopter plus une logique de fidélisation que de conquête. La fidélisation est nettement plus difficile car elle prend en considération la qualité du produit, le service après-vente, la relation avec le personnel…«Il est frappant que l’utilisation des fichiers clients par les concessionnaires est très réduite au Maroc », regrette Meyer. C’est dire que, l’opérateur, qui tirera profit de ses clients, s’adaptera le mieux à l’évolution du marché, conclut l’expert.
En termes d’intentions d’achat par marque, 57% des sondés n’en retiennent pas une en particulier. Cela dénote d’un déficit de fidélisation. «Lorsque l’on croise le critère marque et celui du neuf/occasion, il en ressort que les acquéreurs potentiels des Audi ou BMW sont plus orientés vers l’occasion plutôt que le neuf», tient à préciser Meyer. Mais lorsqu’il est question du neuf, c’est plutôt Dacia, Peugeot ou Renault qui ressortent le plus.
En somme, entre 2009 et 2010, les possesseurs de voitures ont augmenté de 8%, passant de 30 à 38% de la population. Les marques européennes restent évidemment les plus présentes avec 83% du parc contre 13% pour les asiatiques. Nuance, ces proportions ne représentent pas les parts de marché mais les part du parc. Côté perspectives, 17% des sondés déclarent envisager un achat dans les 12 prochains mois.

Ilham BOUMNADE
Édition N° 3636 du 2011/10/13