Forte baisse des prix des fruits et légumes

- Les premiers effets de la vague de chaleur
- Le secteur avicole enregistre 71 millions de DH de pertes
- La mortalité décime 5 à 6% de l’élevage du poulet de chair
Le marché des fruits et légumes est au niveau le plus bas. En cause, les fortes chaleurs qui continuent de sévir sur l’ensemble des régions de production. La canicule ayant, en effet, accéléré de manière anormale la maturité des productions, notamment celles des fruits rouges et du maraîchage de saison. Du coup, l’afflux massif sur les places de commercialisation des volumes a entraîné une forte baisse des prix.
Jeudi dernier, les tomates étaient négociées sur le marché d’Inezgane (région d’Agadir) entre 1,40 et 2 DH/kg. Le poivron, quant à lui, n’a guère franchi le cap de 1,50 DH/kg et les prix du concombre se situaient entre 0,80 et 1,30 DH/kg. Même le piment fort n’arrivait pas à dépasser la moyenne de 2 DH/kg. Ailleurs, dans les régions du Gharb et de Chaouia/Ourdigha, carotte, navet et pomme de terre ne trouvaient pas preneur même à des prix bradés aux alentours de 1 à 1,20 DH/kg. Certes, ces moyennes ne se retrouvent pas au niveau de la vente au détail, néanmoins, la situation est révélatrice de l’ampleur des dégâts causés par les fortes chaleurs. Pour le moment, aucune indication n’a été fournie à ce sujet, mais, de source proche du dossier, les services extérieurs du ministère de l’Agriculture seraient en train de procéder à l’évaluation de l’impact de la vague de chaleur sur les cultures.
A noter toutefois que la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole (Fisa) a été la seule à réagir au phénomène. Selon un communiqué, diffusé par la profession jeudi 30 juin, «la vague de Chergui qu’a connue le pays entre le 24 et le 26 juin a occasionné des pertes considérables pour l’aviculture marocaine». Elles sont estimées à 71 millions de DH. Et pour cause! La température a atteint 48°C dans certaines régions à forte concentration d’élevages avicoles. Du coup, le taux de mortalité pour le poulet de chair en fin de cycle d’élevage se situe en moyenne entre 5 et 6% et celui des poules pondeuses a atteint 5%. A cela s’ajoute aussi la chute de performance. Pour le poulet de chair, la perte de poids est évaluée à 15% alors que la baisse de ponte et d’éclosion est de l’ordre de 10% chez les reproducteurs. En tout, les dégâts liés aux mortalités des volailles s’élèvent à 38,4 millions de DH et ceux causés par les chutes de performance à 32,6 millions. «Cependant, les prix de cession sont pratiquement restés stables bien que la période coïncide avec une forte demande stimulée notamment par le retour des RME et la célébration des noces», assure-t-on auprès de la profession. Au chapitre de la production agricole, les pertes éventuelles sont à comptabiliser avec les dégâts déjà occasionnés par les pluies orageuses qui se sont abattues sur le pays en mai et début juin. Selon le ministère de l’Agriculture, ces pertes demeurent toutefois limitées. Les superficies estimées en arboriculture (pommes, pêches, nectarines, abricots, raisins…) s’élèvent à 9.098 ha dont 5.600 ont été affectés à raison de 62%. Quant au maraîchage, les dégâts ont été constatés sur une surface globale de 2.250 ha avec dont 1.575 ont été sinistrés à hauteur de 70%. Seules les cultures fourragères ont été quelque peu épargnées et, dans une moindre mesure, celles des légumineuses.
Cependant, le ministère de l’Agriculture se veut rassurant. «Les dégâts enregistrés sur les céréales n’auront aucun impact sur le volume attendu de la récolte», avait affirmé récemment le ministre Aziz Akhannouch devant le Parlement. Confirmant par la même occasion la prévision initiale de 88 millions de quintaux. Selon lui, les investigations menées sur le terrain font état de la dégradation de 16.000 ha de céréales dont 11.000 ont été impactés à plus de 50%. Impact qui s’est surtout traduit par l’altération de la qualité matérialisée par la baisse du poids spécifique et la germination des grains. «Toujours est-il, les dernières pluies ont eu des retombées bénéfiques sur le développement des cultures de printemps et les réserves des barrages», s’est félicité le ministre.
Édition N° 3564 du 2011/07/01
A. G.