Un cri d'alarme des professionnels de la pêche Au secours ! Où sont passés nos poissons ?

En 2011, les débarquements de la pêche côtière et artisanale ont totalisé 908.258 tonnes, en baisse de plus de 16 %, alors leur valeur a progressé de près de 19 %.


Au moment où l’on s’apprête à reprendre les négociations pour un nouvel accord de pêche avec l’Union européenne, il semble que les fonds marins sont de moins en moins généreux en poissons. En fait, après des années d’abondance de ces ressources halieutiques, vient la période des vaches maigres. Les statistiques se suivent et se ressemblent pour faire état d’une baisse des volumes des captures des poissons dans les eaux marocaines. Il en est ainsi de l’année passée où les bateaux ont capturé des volumes en baisse, comme le relève l’ONP (Office national des pêches). Ainsi, au terme de l’année 2011, les débarquements de la pêche côtière et artisanale ont totalisé 908.258 tonnes, en baisse de 16,4 % en glissement annuel, selon les dernières données publiées par l’ONP.

Et ce sont notamment les poissons pélagiques qui ont tiré vers le bas les volumes pêchés. Ils ont marqué un recul de 19 %, en lien avec la baisse des débarquements de la sardine de 34,8 %. Cette baisse est particulièrement due au repli des débarquements de la flottille sardinière opérant dans les ports de Laâyoune et de Tan Tan en raison de la prédominance de mauvaises conditions hydro-climatiques, explique-t-on auprès de l’ONP. Ce repli ne s’est toutefois pas répercuté sur la valeur des captures. En fait, la valeur de ces débarquements s’est appréciée de 18,6 % par rapport à 2010, pour un chiffre d’affaires de 5 milliards de DH. Cette évolution positive est due, explique-t-on, quasi exclusivement, à la nette progression de la valeur des débarquements des céphalopodes, qui a presque doublé (+98,7 %). Cette dernière trouve son origine à hauteur de 67,3 % dans la hausse de la valeur de poulpe dont le prix moyen a grimpé de plus 75 % par rapport à l’année précédente.

La baisse a concerné également les exportations des produits de la mer, dont la valeur s’est élevée à 10,4 milliards de DH au titre de la même période, en régression de 14,6 % en glissement annuel. Cette contre-performance à l’export est due essentiellement à la baisse de la valeur des ventes des poissons en conserve de 19,9 %, au moment où la valeur des exportations des crustacés, mollusques et coquillages a stagné. Par ailleurs, pour expliquer cette rareté des poissons dans les fonds marins marocains, les professionnels avancent le facteur de la surexploitation de ces ressources, notamment par des bateaux européens dans le cadre de l’accord de pêche signé avec le Maroc. Mais, d’après les pouvoirs publics, cette situation est due aussi aux facteurs hydro-climatiques et aux courants marins. En outre, l’ONP annonce poursuive la réalisation des projets structurants dans ce secteur. Il s’agit notamment du programme de construction d’une nouvelle génération de halles au poisson, dont trois ont été réalisées l’année passée et d’autres sont en cours de finalisation notamment la halle de Boujdour qui sera bientôt mise en exploitation.

Ce programme vise, d’après l’ONP, à préserver la qualité des produits notamment à travers la mise en œuvre de systèmes de réfrigération et l’introduction de nouveaux concepts de commercialisation. De plus, ajoute-t-on, « ces nouvelles infrastructures favorisent la traçabilité des produits, la célérité et la transparence des transactions à travers l’informatisation du processus de commercialisation dans son ensemble et répondent davantage aux impératifs d’une exploitation durable de la ressource ainsi qu’aux exigences croissantes des marchés internationaux ».
Nouveaux aménagements au port d’El-Jadida

Le port de pêche de la ville d’El-Jadida a bénéficié de nouveaux aménagements, dont les travaux ont nécessité un investissement global de 60 millions de DH.
Sur une superficie globale de plus de 5 ha, le projet a permis au port de disposer d’une halle aux poissons avec chambre froide, répondant aux normes d’hygiène reconnues au niveau international, ainsi que d’installations au profit des mareyeurs, leur permettant de conditionner les produits dans d’excellentes conditions.


Lahcen Oudoud
Publié le : 5 Mars 2012