Bactérie: Bruxelles prête à revoir son système d'alerte alimentaire

LUXEMBOURG - La Commission européenne s'est dite prête lundi à réfléchir à une réforme de son mécanisme d'alerte alimentaire, mis en cause par l'Espagne notamment pour avoir été déclenché prématurément à la suite de l'épidémie de la bactérie potentiellement mortelle.

Le mécanisme doit être déclenché dès lors qu'il y a des preuves scientifiques qui motivent son déclenchement et nous allons voir comment assurer pour l'avenir le bon timing de l'alerte, a reconnu le commissaire à la Santé John Dalli au cours d'une réunion des ministres de la Santé à Luxembourg.

C'est ce qu'à réclamé la ministre espagnole de la Santé, Leire Pajin, en insistant sur les conséquences irréparables causées au secteur des fruits et légumes en Espagne, accusé sans preuve d'être à l'origine de l'épidémie.

A Bruxelles, le ministre français de l'Agriculture, Bruno Le Maire, a appelé à tirer les conséquences du grave dysfonctionnement du dispositif de sécurité sanitaire révélé par cette crise.

Mais la Santé reste une compétence nationale au sein de l'UE. La Commission déclenche l'alerte européenne à partir des informations fournies par l'Etat concerné, en l'occurrence l'Allemagne.

Berlin avait annoncé au début de l'épidémie avoir identifié des concombres bio importés de deux provinces du Sud de l'Espagne, Almeria et Malaga, comme l'un des vecteurs de la transmission de la bactérie, ce qui s'est avéré faux.

Les soupçons se sont ensuite portés sur des graines germées produites dans une exploitation agricole allemande, mais les premiers tests se sont avérés négatifs.

Nous sommes toujours dans la phase d'identification de la source de la contamination et il faut faire diligence, a insisté à Luxembourg le ministre hongrois de la Santé, Miklos Rethelyi, dont le pays préside l'UE jusqu'à fin juin.

L'épidémie a fait 22 morts, dont 21 en Allemagne et un en Suède. Elle est due à une souche très rare de la bactérie Escherichia coli (E.coli) entérohémorragique (Eceh).

La bactérie Eceh provoque des diarrhées sanglantes et, dans les cas les plus graves, des troubles rénaux par le biais d'un syndrome appelé SHU et pouvant être mortels.

1.600 cas ont été signalés dont 700 avec de graves complications, a souligné M. Dalli.

Si le foyer de l'épidémie est cantonné à Hambourg, dans le nord de l'Allemagne, une dizaine d'Etats européens comptent des malades, dont certains avec des complications. Le Luxembourg et la Pologne se sont ajoutés lundi à cette liste.

Cette épidémie, dont l'origine reste toujours inconnue, a été pour la première fois abordée au cours d'une réunion européenne lundi. Mais cette crise ne semble toutefois pas soulever de grandes inquiétudes. Le ministre français de la Santé n'a pas fait le déplacement de Luxembourg, tous comme ses homologues suédois, danois, britannique et néerlandais.

La secrétaire d'Etat allemande à la Santé, Annette Widmann-Mauz, a défendu la décision de la mise en garde contre les concombres produits en Espagne.

L'infection provoquée par l'agent pathogène est tellement agressive et la multiplication des cas de contamination a été tellement massive dans le nord de l'Allemagne que nous devions explorer chaque piste, a-t-elle fait valoir.

L'Espagne doit aujourd'hui batailler pour restaurer la confiance des consommateurs. L'Italie se retrouve dans la même situation. Les fruits et légumes italiens ne présentent aucun risque et nous encourageons les Italiens à les consommer, a insisté le ministre, Ferruccio Fazio.


(©AFP / 06 juin 2011 17h41)