Échanges extérieurs : Une facture alimentaire salée

En hausse de 95%, les importations de sucre pèsent de tout leur poids sur la balance commerciale.
À fin avril dernier, la balance alimentaire marocaine a affiché un solde déficitaire d'environ 5,9 MMDH, contre un excédent de près de 800 MDH à la même période de 2010. En raison du renchérissement des cours mondiaux et de la hausse des volumes importés de céréales, de sucre et de produits oléagineux, la facture alimentaire a augmenté de trois quart par rapport à 2010 pour s'établir à 15,7 MMDH. Dans la foulée, les importations de sucre ont augmenté de 95%, suite à une hausse du volume importé de 30% et du prix moyen de la tonne de 50%, à 5.413 dirhams.
Les cours ont marqué un fort repli sur les derniers mois, suite à des perspectives d'offre prometteuses au plan externe. Ainsi, les prix du sucre brut à New York ont reculé de 26% depuis leur sommet de janvier, pour s'établir à 26,7 cents/livre (soit 588 $/t) en mai, son plus bas depuis août 2010.
Sur le Liffe de Londres, la tonne de sucre blanc pour livraison en août valait 582 dollars le 6 mai, son plus bas depuis septembre 2010, avant de rebondir à 672 dollars à la fin du mois. Les cours mondiaux du sucre devraient rester sous pressions baissières sur la prochaine saison, en raison d'un surplus de l'offre attendu de 3 millions de tonnes (contre 0,8 Mt en 2010/11), selon un récent rapport de l'Organisation internationale du sucre (ISO).

La production mondiale de sucre devrait augmenter d'environ 7% à 170,4 millions de tonnes en 2011/12. Toutefois, la croissance de la demande mondiale devrait rester relativement modérée, à 2,2%, inférieure à la moyenne à long terme de 2,5%, portant la consommation à 169,8 millions de tonnes. Pour rappel, au Maroc ce sont quelque 1,16 million de tonnes de sucre qui sont consommées annuellement. Les besoins qui restent ont amplifié une grande dépendance vis-à-vis de l'étranger. Car le Maroc est le 4e plus grand importateur de sucre. La production locale ne permet de couvrir que 45% des besoins de la population.
Côté importations de blé, les achats avec le reste du monde ont plus que triplé pour atteindre 6,3 MMDH, tirées par un doublement du volume importé et une hausse de 68% du prix moyen de la tonne importée (à 3.020 dirhams). Les achats de maïs ont augmenté de 35% à 1,8 MMDH, en raison d'un rebond du prix moyen de la tonne de 43% (à 2.622 dirhams). «Malgré une baisse du volume importé de 6%, les importations de céréales devraient s'atténuer sur les prochains mois, suite à la nouvelle récole nationale jugée favorable».
Pour éviter que les importations ne perturbent la commercialisation de la nouvelle récolte nationale, le gouvernement a décidé d'adopter un prix référentiel de 290 dirhams le quintal de blé tendre, rendu moulin, au lieu de 280 dirhams le quintal lors de la campagne précédente.
Par ailleurs, il a été réinstauré un droit de douane maximal de 135% sur le blé tendre importé dès le 1er mai 2011. Pour le blé dur, les droits de douane seront réinstaurés à leur niveau maximum durant les mois de juin et juillet.

Selon la DEPF du ministère de l'Économie, à un mois de la fin de la campagne de commercialisation 2010-2011, qui a démarré en juin, les importations de céréales ont rebondi de 55% en glissement annuel pour s'établir à 58 millions de quintaux, dont 56% de blé tendre, 12% de blé dur et 28% de maïs.
Accentués par des incertitudes sur les perspectives de l'offre mondiale et par des inquiétudes sur l'environnement économique et financier international, les marchés des céréales et oléagineux ont été marqués récemment par une plus forte volatilité. Les cours du blé ont atteint 370 dollars la tonne le 27 mai, en hausse de 20% depuis son plus bas enregistré au mois de mars et de près du double depuis un an. «Cette hausse est soutenue par des craintes sur les conditions météorologiques défavorables, avec une sècheresse en Europe, des pluies excessives dans les plaines nord-américaines et des retards de semis de printemps au Canada».
Pour la DEPF, la production mondiale de blé devrait baisser de 4,4% à 649 Mt en 2010/11, selon le rapport mensuel du Conseil international des céréales (CIC), publié fin mai. Toutefois, les stocks mondiaux de blé pour la fin de saison 2010/11, estimés à 186 Mt, restent relativement élevés, représentant 28% de la consommation mondiale. En termes de perspectives, les prix du blé devraient rester élevés, soutenus par une demande ferme, des intempéries persistantes et une concurrence des autres céréales pour une superficie limitée. La production mondiale de blé pour la prochaine saison 2011/2012 serait de l'ordre de 667 Mt.


Les records historiques du maïs
Les cours du maïs se sont établis à 323 dollars la tonne, proches de leur record historique atteint en avril, marquant une hausse de 20% depuis leurs creux de la mi-mars et de plus du double depuis un an. Ce rebond est lié à des inquiétudes sur le retard des semis de maïs aux États-Unis, affectés par des intempéries.
Selon le CIC, la consommation mondiale de maïs en 2011/12 devrait augmenter de 1,2% à un record de 853 Mt, entraînant une nouvelle baisse des stocks mondiaux de 4% à 116 Mt. La production mondiale de maïs est prévue en hausse de 4,4% à un record de 848 Mt, après une baisse de 0,4% en 2010/11, grâce à une bonne récolte attendue aux États-Unis et ailleurs (Argentine, Chine, Russie, Mexique).