Le mystère de la bactérie tueuse demeure entier

Epidémie | Les graines germées sont pour l’heure blanchies des accusations d’être à l’origine de l’épidémie qui sévit en Allemagne


Anne-Muriel Brouet TRIBUNE DE GENEVE | 06.06.2011 | 19:58

Retour à la case départ. Après la piste des concombres, celle des graines germées se dégonfle. Après des premiers résultats négatifs sur les germes de graines d’une ferme bio, l’origine de la bactérie intestinale qui a fait 22 morts en Allemagne et un en Suède reste toujours une énigme.
Dimanche, de forts soupçons pesaient sur une exploitation bio de la région d’Ulzen, entre Hambourg et Hanovre. L’exploitation, qui approvisionne des restaurants et des marchés dans les Länder voisins, a été fermée et ses produits sont en cours de rappel. Mais les premiers résultats des analyses, révélés hier, montrent que ses germes de graines (pois, haricot mungo, alfalfa, lentilles et brocolis notamment) ne sont apparemment pas à l’origine de l’épidémie de la bactérie Escherichia coli entérohémorragique (ECEH). Selon le Ministère de l’agriculture du Land de Basse-Saxe, 23 des 40 échantillons analysés provenant de l’exploitation agricole bio sont négatifs pour la souche à l’origine de l’épidémie. Les 17 autres étaient encore hier en cours d’analyse.

Alertes maintenues
En dépit de ces incertitudes, les autorités sanitaires allemandes maintiennent leur mise en garde contre les concombres, les tomates, les salades et désormais les germes. Autant d’aliments boudés, de manière tout à fait injustifiée, par nombre de consommateurs dans le reste de l’Europe.
Les maraîchers continuent donc à payer au prix fort les déclarations incertaines des autorités allemandes. Les ministres européens de l’Agriculture tiennent du reste aujourd’hui une réunion extraordinaire au Luxembourg pour discuter des conséquences économiques de cette crise qui force les agriculteurs à détruire des tonnes d’invendus. L’Espagne, dont les concombres ont été cloués au pilori, mais aussi d’autres pays européens demandent à l’UE d’adopter des «mesures exceptionnelles» pour dédommager les producteurs de légumes affectés par la chute des ventes. Si la Commission européenne a annoncé hier son intention de proposer des «compensations» financières, il est fort probable qu’elles ne suffiront pas à compenser les pertes.

Longue enquête en vue
Et ce n’est peut-être pas fini. «Les investigations se poursuivent», a ajouté hier le Ministère de l’agriculture de Basse-Saxe. Qui ne s’attend pas à «une fin rapide de la recherche de la source ou à une explication de la contamination».
D’un point de vue sanitaire, la situation reste également très tendue. Depuis le début de l’épidémie, au début de mai, au moins 2300 personnes ont été contaminées, dont 660 ont développé une complication grave, le syndrome hémolytique urémique (SHU). Affectant les reins, le SHU exige parfois des dialyses. En outre, les diarrhées hémorragiques ont mis au plus bas les réserves de sang notamment dans les régions de Brème et d’Hambourg, les plus affectées, où le personnel est épuisé.