Gouvernement Dernière ligne droite pour le partage des portefeuilles

Avec presque la moitié des sièges de la majorité, le PJD vise gros.


Les quatre partis de la majorité gouvernementale se sont donné rendez-vous, hier lundi, pour trancher dans le nombre et la nature des portefeuilles qui reviennent à chacun. Dès le début des tractations, il y a trois semaines, le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, a tenu à ce que les échanges se passent sans heurts ni bras de fer entre ses partenaires à la majorité. Il ira même jusqu'à rencontrer, samedi dernier, les deux ténors de l'opposition, Salaheddine Mezouar, président du RNI, et Mohamed Cheikh Biadillah, secrétaire général du PAM. Une manière pour Benkirane de montrer sa disposition à composer même avec ses détracteurs pour se frayer son chemin à un exercice confortable du pouvoir.

Si l'architecture du prochain Exécutif est plus ou moins établie, il n'en est pas autant de la distribution finale des départements ministériels. A l'heure où nous mettions sous presse, les discussions continuaient encore entre les membres de la majorité. Il faut attendre jusqu'en fin de soirée du lundi pour avoir de la visibilité. Contacté en mi-journée, Najib Boulif, membre du secrétariat général du PJD, lance un R.A.S dans une ambiance d'affairement. Les nerfs sont chauffés à blanc dans l'attente d'un partage dont chacun des partis de la majorité veut en tirer le maximum. Il y a de fortes chances que le PJD rafle la mise en remportant la moitié des portefeuilles comme laissent entendre les opinions convergentes de ses dirigeants. Boulif trouve logique cette hypothèse dans la mesure où son parti détient presque la moitié des sièges de la majorité. Si l'on réfléchit en termes purement arithmétique, le PJD ayant gagné 107 sièges aux élections du 25 novembre,
contre 110 pour ses trois partenaires à la majorité (Istiqlal+MP+PPS) peut légitimement prétendre à la moitié des portefeuilles disponibles, soit une quinzaine.

Qu'à cela ne tienne, le PJD veut donner une nouvelle image à l'action gouvernementale dès la genèse même de la majorité. A coup de sorties médiatiques à l'issue de chaque réunion, Benkirane joue l'ouverture. Une attitude qui tranche net avec celle de son prédécesseur et actuel partenaire, Abbas El Fassi, qui brillait avec son absence sur la scène médiatique et parlementaire. Il s'agit d'un changement de paradigmes qui doit pousser vers une plus grande transparence du travail de l'Exécutif, à condition bien sûr de ne pas trop subir l'érosion du pouvoir. Mais en optant pour une charte gouvernementale (signée vendredi) et deux autres concernant ses propres députés et ministres (samedi), le PJD s'entoure des garanties nécessaires à une bonne gestion des différences. Tout est dans la discipline, une valeur qui n'en est pas moins un dénominateur commun entre le PJD et l'Istiqlal, les deux grands partis de la majorité. Quant au PPS qui prétend à plus de deux ministères, il doit remettre de l'ordre dans sa maison et encaisser les salves qui lui viennent de l'USFP dans sa nouvelle citadelle à l'opposition. Aujourd'hui, les regards sont pointés vers le QG du PJD au quartier les orangers où le sort de la future majorité doit être scellé. Toutefois, la nouvelle architecture gouvernementale qui consacre la rationalisation en mettant ensemble plusieurs départements, ne manquera pas de provoquer des remous.

L'on peut y entrevoir une connotation politique aussi du moment où plusieurs personnalités seront sacrifiées. C'est le cas du Haut commissariat au plan qui doit laisser la place à une entité autonome, à savoir la direction des statistiques. En agissant de la sorte, la majorité, et principalement le PJD, voudrait mettre un terme à la guerre des chiffres qui ne cesse d'alimenter les débats autour des principaux indicateurs à commencer par le taux de chômage.

Charte gouvernementale
En signant, vendredi, une charte politique concise, dont la rédaction a été confiée au PPS, le PJD se prémunit des voix dissonantes qui peuvent se faire écho entre les membres de la majorité. En trois pages seulement, les quatre partis se sont mis d'accord sur l'essentiel : l'action commune, l'efficacité dans l'exécution, la transparence en matière de gestion et la solidarité. Ainsi, une présidence de la coalition a été instaurée où siègent huit membres dont les quatre secrétaires généraux en plus d'un représentant de la direction de chaque parti au gouvernement.
Au Parlement, il a été convenu que les présidents des groupes parlementaires des quatre partis se réunissent tous les deux mois pour coordonner leurs actions et idées. Même schéma à la Chambre des conseillers.


Repères
Le PJD voit grand
- Il y a de fortes chances que le PJD rafle la moitié des portefeuilles ministériels.
- Trois chartes, l'une gouvernementale et les deux autres propres au PJD ont été signées entre vendredi et samedi derniers.


Par Mostafa Bentak
Publié le : 19.12.2011 | 17h46