Tractations Ajustement de l'organigramme gouvernemental

Les rencontres entre les chefs de file des quatre partis politiques formant la future coalition gouvernementale se suivent. Les consultations se renforcent pour former le futur exécutif le plus tôt possible. Les partenaires du PJD semblent être satisfaits de la manière dont se déroulent les négociations, dans le cadre d'une approche participative.


Rien n'est imposé par le premier parti aux élections. Les nouveaux alliés gouvernementaux se penchent sur la rédaction d'une charte de la majorité. C'est une première ! Une commission spéciale a été créée pour mettre noir sur blanc les engagements communs et les principes à respecter au niveau, entre autres, de la démocratie et des droits de l'Homme, ainsi que le comportement des membres de cette majorité. Celle-ci est appelée à entamer son expérience en rangs serrés et à éviter les erreurs du passé. En effet, l'ancienne majorité a été souvent pointée du doigt en raison de son manque d'homogénéité et de solidarité. Dorénavant, on veut véhiculer une nouvelle image de la coalition gouvernementale qui devra assumer la responsabilité de tous les départements. Une autre commission sur la préparation d'un avant-projet de la déclaration gouvernementale a entamé son travail, mardi dernier.

Elle se compose de deux membres de chacune des quatre formations. Elle doit trouver un terrain d'entente entre les différents programmes des partis politiques notamment sur le plan économique. Certes, les grandes lignes se ressemblent, mais les prévisions des uns et des autres diffèrent sur certains points comme à titre d'exemple le taux de croissance. Alors que le PJD prévoit un taux de 7 %, l'Istiqlal, lui, n'annonce que 5%. Les quatre alliés doivent retrouver, dans la déclaration gouvernementale qui sera validée par le Parlement, les grands engagements qu'ils ont véhiculés aux électeurs. Le PPS, seule sensibilité de gauche au sein du futur exécutif, a, à plusieurs reprises, signalé qu'il gardera sa spécificité et son idéologie en dépit de sa participation dans un gouvernement dirigé par « les islamistes ». D'ailleurs, le parti du livre tient toujours à garder ses liens avec les partis de gauche. Le PPS compte être présent avec une forte délégation au congrès du Parti socialiste unifié. Au niveau de l'architecture gouvernementale, le membre du secrétariat général du PJD, Abdelaziz Rebbah, tient à souligner au Matin que l'idée est d'ajuster l'organigramme actuel de l'ordre de 20 à 30 % pour ne pas trop chambouler l'organisation des différents départements, car une large réorganisation va nécessiter beaucoup de temps.

Quelques départements seront scindés alors que d'autres seront regroupés. La communication et la culture feront partie du même ministère. Le département de l'Agriculture et de la pêche maritime sera divisé en trois : la pêche, l'agriculture et le développement du monde rural.
L'intérieur sera scindé en deux: un ministère et un secrétariat chargé de la décentralisation et du développement local. Le commerce extérieur sera rattaché soit au ministère du Commerce et de l'Industrie soit à celui des Finances ou des Affaires étrangères.

Un poste de chef de gouvernement adjoint sera créé pour renforcer le travail de la primature. C'est le nom de Abdellah Baha, le bras droit de Benkirane, qui est pressenti pour ce poste. En effet, l'homme accompagne le nouveau chef de gouvernement, comme son ombre, dans toutes ses rencontres. Benkirane ne cesse de souligner que c'est son conseiller et son confident qui l'aide à prendre les bonnes décisions.
En ce qui concerne la répartition des portefeuilles ministériels, l'on apprend que le PJD mise sur 9 à 12 départements sur un total de 28 à 29. Le Parti de la lampe veut diriger directement des départements-clés tels que les Finances et la Justice.

A part Abdellah Baha, aucun nom ne circule pour le moment au sein de ce parti. Les pjdéistes, comme à l'accoutumée, sont disciplinés jusqu'au bout. Ils attendront la tenue de leur conseil national, samedi prochain, pour adopter la procédure à suivre pour la nomination de leurs ministres.
Quant aux autres partis politiques, ils espèrent être représentés dans chacun des trois blocs sur lesquels ils se sont mis d'accord, à savoir ce que l'on appelle les ministères de souveraineté, les départements techniques et ceux à caractère social.

Du côté de l'Istiqlal, l'ambition est grande après avoir décroché le soutien de la majorité pour la détention du perchoir de la Chambre des représentants dont les élections sont prévues pour lundi prochain.
Le comité exécutif qui s'est réuni mardi après-midi a validé la candidature de Karim Ghellab et a opté pour Noureddine Mediane en tant que président du groupe parlementaire de l'Unité et de l'égalitarisme. Le secrétaire général du PI est mandaté pour négocier les portefeuilles convoités par les istiqlaliens même s'il a manqué la réunion de mardi soir et a délégué Abdelouahed El Fassi pour cette mission.

S'agissant du Mouvement populaire, le bureau politique a déjà discuté amplement ses ambitions.
Selon un membre dirigeant de ce parti, il faut un arbitrage pour distribuer équitablement les départements convoités par les formations politiques de la coalition. Une véritable course est lancée au niveau interne du MP entre les ministrables et les ambitieux. A en croire une source harakie, rien n'est encore tranché. Mais il y a quelques noms qui circulent en coulisses comme Mohamed Moubdiaâ, Lahcen Haddad et Mohamed Ouzine.

Pour sa part, le PPS aurait cette fois-ci plus de deux départements ministériels, selon une source progressiste. Les camarades de Nabil Ben Abdellah aspirent à une participation gouvernementale d'ordre qualitatif.
Pour eux, les choses ont changé et les citoyens sont appelés à être conscients que l'heure est à la reddition des comptes.



Par Jihane Gattioui
Publié le : 14.12.2011 | 17h13