Voiture d’occasion Les importations chutent de 60%

-Un recul enregistré sur les 8 premiers mois de l’année
-A l’origine du repli: la limitation du dédouanement à 5 ans


Les importations de véhicules d’occase s’effondrent. Au terme des huit premiers mois de 2011, elles se sont établies à peine à 12.579 unités contre 34.758 pour la même période de l’année précédente. Soit un repli de 64%. Pour l’année dernière, elles avaient atteint 56.828 unités, dont 55.240 étaient âgées de 3 ans et plus.
Entre le 1er janvier et le 31 août 2011, les importations de véhicules d’occasion effectuées par les MRE retraités se sont élevées à peine à 4.898 unités contre 11.941 pour la même période de 2010.
Quant aux importations de voitures neuves, elles ont enregistré un bond. Ainsi, entre le 1er janvier et le 31 août dernier, elles se sont chiffrées à 45.743 véhicules contre 34.072 pour la même période de 2010. Ce qui représente une augmentation de 34%. Au terme de 2010, 53.016 véhicules neufs ont été importés. La définition du neuf par les services de la Douane est restrictive et concerne les véhicules mis en circulation depuis moins de 3 mois. Un délai accordé aux importateurs pour accomplir les formalités d’immatriculation et d’importation. Au-delà de 3 mois, le véhicule est considéré comme étant d’occasion. Dans 98% des cas, les importateurs sont des concessionnaires. Mais en 2009, au paroxysme de la crise économique qui avait frappé le secteur de l’automobile en Europe, la configuration était tout autre. En effet, profitant des formules promotionnelles et autres braderies sur le Vieux Continent, des garagistes à l’affût des bonnes affaires se sont convertis en importateurs de véhicules neufs. Du coup, les importations avaient atteint le pic de 56.346 unités en 2009. Un chiffre jamais atteint auparavant. Ces voitures étaient vendues à des prix défiant toute concurrence. Sauf que les usagers qui avaient acquis ces véhicules ont eu une mauvaise surprise: le service après-vente ne pouvait être assuré par les concessionnaires locaux. Il fallait donc soit payer le prix fort pour bénéficier de la maintenance auprès d’un concessionnaire officiel ou recourir au système D.
A l’origine de la forte baisse des importations de l’occasion, la circulaire diffusée par le ministère de l’Equipement et du transport, interdisant l’homologation des véhicules de plus de cinq ans d’âge. Une mesure qui a pour objectif de rajeunir le parc automobile national, de préserver l’environnement, d’encourager l’industrie locale et de relancer les ventes du neuf.
La conséquence de la mesure est l’augmentation des ventes de véhicules CBU et CKD. «Mais les concessionnaires de voitures locaux ne jouent pas le jeu. Ils continuent de pratiquer des marges bénéficiaires hors de tout entendement. De plus, les prix continuent d’être gonflés par une multitude de taxes et impôts», explique Abderrahim Chennaoui, chargé des relations publiques auprès de l’Association marocaine de l’industrie de la carrosserie (AMIC).
Une source interne à l’Administration des douanes et des impôts indirects (ADII) est du même avis: «l’Etat soutient le secteur de l’automobile. D’où une augmentation régulière des importations de véhicules neufs au cours des cinq dernières années. Mais en contrepartie, il doit demander un geste de la part des professionnels en matière de prix. D’ailleurs, le ministère du Commerce et de l’industrie doit intervenir pour que les marges ne soient pas exorbitantes».
Le parc automobile national est caractérisé par sa vieillesse. Selon des estimations, 80% des véhicules ont plus de 5 ans d’âge. «Ces véhicules se concentrent plutôt dans les petites agglomérations. Quant aux grandes villes, les formules de crédit permettent aux usagers d’acheter plus facilement le neuf», explique Chennaoui. Le professionnel se dit d’ailleurs surpris par le nombre d’impayés dans le segment du crédit automobile. «La solution réside dans la mise en place d’une prime à la casse en faveur des particuliers, tel que c’est d’usage dans les pays industrialisés», suggère-t-il.
Pour un expert du secteur de l’automobile, l’âge du véhicule n’est pas un paramètre suffisant. «Il faut également tenir compte de l’état mécanique, de la nature de la conduite dans les villes connaissant un trafic intense, de la qualité du carburant qui n’est pas toujours garantie…».

Dispositions transitoires
Les Marocains résidant à l’étranger (MRE) retraités bénéficient d’un dispositif avantageux en cas de retour définitif au pays, mais verrouillé par un certain nombre de conditions telles que l’âge (60 ans), une résidence effective à l’étranger de plus de 10 ans… De plus, pour éponger le passif, la tutelle a mis en œuvre une mesure dérogatoire, qui permettra l’homologation des véhicules de plus de 5 ans et de moins de 10 ans. Une mesure qui n’a pas été bien perçue par les concessionnaires. La dérogation prendra fin le 31 décembre 2012. Au 1er janvier 2013, aucune exception ne sera tolérée. Seuls les véhicules de moins de cinq ans pourront donc être homologués.

Hassan EL ARIF
Édition N° 3636 du 2011/10/13