Pièces de rechange Démantèlement d’un réseau de contrefaçon

-Des lots de 14.922 pièces saisis à Casablanca
-Curieusement, le coupable s’en sort avec un sursis de deux mois


Nouveau rebondissement dans le marché de la contrefaçon de pièces de rechange automobiles. 14.922 pièces viennent d’être saisies par les services de police du Grand Casablanca. Filtres à huile, disques d’embrayage, plaquettes de freins, amortisseurs… les lots sont impressionnants. Des pièces d’origine allemande que les faussaires fabriquent en Chine et en Turquie. Résultat: une pièce qui coûte 1.800 DH est vendue à 700 DH. En plus elle est estampillée «Made in Germany». A l’origine du démantèlement, les services de police judiciaire ont été saisis par le représentant de Fernand Bilstein, l’entreprise productrice de pièces de rechange sous la marque Febi. Le représentant juridique des marques Mercedes, Audi, Philips, Luk, FAG INA, Lucas Trw, Bosch et Mercedes a également déposé des plaintes. Les plaignants dénoncent tous un réseau de contrefaçon de pièces qui sévit à Casablanca. En fait, il s’agit de deux magasins dont le propriétaire posséderait des entrepôts au quartier La Villette et Boulevard Zektouni. Ces entrepôts seraient destinés au stockage de quantités importantes de pièces d’origine chinoise. Après enquête, une commission dépêchée par les forces de l’ordre y a trouvé des pièces contrefaites de marque Febi, Audi, Volkswagen, Bosch…. Le dirigeant de la société a déclaré avoir importé ces pièces de Turquie et de Chine. Curieusement, toutes les pièces sont emballées dans des paquets conformes aux originaux. Pour lever la confusion sur l’origine des pièces, une expertise a été menée. Les résultats sont sans appel! «Les analyses menées par le laboratoire de recherche technique et scientifique de la Gendarmerie royale à Rabat prouvent que les pièces de rechange sont contrefaites et ne répondent pas aux critères juridiques en comparaison avec les pièces d’origine», tranche le procès-verbal de la police. La seconde étape de l’enquête a porté sur le contrôle des documents d’importation auprès de la Douane. Le même jour, les services de police ont été informés par l’un des plaignants que les pièces étaient en train d’être chargées dans deux camions pour contourner toute descente de police. Sur place, 12.108 pièces ont été saisies au cours d’une opération qui s’est prolongée jusqu’à 3 h du matin dans la nuit du 12 octobre. L’enquête a mené les forces de l’ordre vers deux autres entrepôts sis Boulevard Massira et Quartier Bourgogne. Là encore, une descente de police a permis de saisir 2.814 nouvelles pièces contrefaites. Au total, ce sont 14.922 pièces qui ont été saisies. L’accusé a reconnu avoir importé des pièces de rechange de Chine. Toutefois, il ne relevait pas le côté illégal de la pratique, surtout qu’il n’est pas le seul à exercer cette activité.
Même si l’expertise de la Gendarmerie a confirmé la contrefaçon, l’accusé jouit toujours de sa liberté. Le juge s’est contenté d’une peine de 2 mois avec sursis. Les plaignants dénoncent l’impunité des contrefacteurs. Ces pièces ne mettent pas uniquement en péril les affaires des distributeurs mais elles représentent surtout un danger pour la sécurité des conducteurs.
Parmi les lots saisis, une grande quantité était destinée aux poids lourds. En cas de défaillance des pièces, ces véhicules causent un nombre important de victimes. Chaque jour, plusieurs personnes trouvent la mort sur la route à cause de freins défaillants de volant qui se bloque sans que les vrais responsables ne soient punis. Certes, le faible pouvoir d’achat explique le recours des automobilistes à ces pièces mais très peu d’entre eux connaissent les vrais risques encourus.



Mode opératoire
Cap West, la société qui a fait l’objet de saisies de pièces de contrefaçon, a été créée en 2006 par deux Marocains résidents à l’étranger. Pendant les premières années, l’entreprise importait les pièces de Turquie. Attirée par les prix cassés appliqués en Chine, l’entreprise réoriente toutes ses importations vers l’usine du monde. Concrètement, les commandes comprenant la marque, la quantité et les références-type sont envoyées par e-mail au constructeur chinois. Une fois l’accord conclu, la marchandise est envoyée via un transitaire au port de Casablanca. Un dépôt est réalisé au profit de l’entreprise chinoise dans une banque marocaine. L’accusé a affirmé avoir reçu un certificat de qualité et de conformité délivré par les services de contrôle du ministère de l’Industrie et du Commerce. C’est là où se pose la question de la double défaillance du contrôle au niveau de la Douane et du département de l’Industrie.




Ilham BOUMNADE
Édition N° 3658 du 2011/11/16