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Don d'organes :Beaucoup de malades, peu de donneurs
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Don d'organes :Beaucoup de malades, peu de donneurs
Hier, le monde a célébré la journée mondiale du don d'organes et de la greffe, une journée promulguée par l'Organisation Mondiale de la Santé depuis 2005 dans le but de sensibiliser les populations sur la situation des millions de patients à travers le monde, qui vivent dans l'angoisse de l'attente, sachant que chaque jour passé sur la liste dans l'espoir d'une greffe est une perte de chance. Chaque jour, en effet, des hommes, des femmes et des enfants meurent faute d'avoir pu être transplantés à temps, alors que la médecine aurait été en mesure de les sauver.
Les Marocains ne sont pas très impliqués dans ce domaine. Ils hésitent énormément à faire des dons d'organes, certains refusent catégoriquement.
Au Maroc, la situation est encore plus alarmante. Les donneurs sont quasi inexistants. Que ce soit pour une question de sensibilisation, de religion ou d'éthique, le don d'organe et de tissus humains connait beaucoup de problèmes dans notre pays. «La demande est très importante par rapport à l'offre. Les Marocains ne sont pas très impliqués dans ce domaine. Ils hésitent énormément à faire des dons d'organes, certains refusent catégoriquement», indique Amal Bourquia, néphrologue et présidente de l'association Reins. Et d'ajouter: «Il est vrai que le secteur de don a connu une amélioration, mais elle reste tout de même insuffisante face au nombre de malades qui ont besoin de greffe». De son côté, Benyounes Ramdani, président du Conseil consultatif de la transplantation des organes humains, pense que le don d'organes et la greffe au Maroc ont connu une évolution considérable ces dernières années. «Nous avons enregistré beaucoup d'amélioration que ce soit au niveau de la faisabilité ou au niveau des compétences. Nous avons même réussi à dépasser beaucoup de pays avoisinants dans ce domaine.
Et il est important de rappeler que le Maroc est l'un des premiers pays arabes et musulmans à avoir légiférer le secteur et autoriser le don d'organes et la greffe de donneur cadavérique», précise-t-il. Des compétences que ne met pas en doute le Dr. Bourquia qui pointe du doigt la manière dont les opérations sont médiatisées. «La greffe est un traitement. Il faut arrêter de la considérer comme un évènement à chaque fois qu'elle est pratiquée. Nous avons dépassé ce stade. Aujourd'hui, nous avons les compétences requises pour pratiquer ces interventions sans avoir recours à une aide étrangère. Ce qui manque aux médecins, c'est la régularité des opérations. Une régularité qui leur permettra d'acquérir de l'expérience dans le domaine et donc de la confiance», estime-t-elle. Cependant, malgré l'évolution qu'a connue le domaine pour le cas des donneurs vivants apparentés, certains malades continuent de souffrir et de mourir pour faute de dons ou de moyens. «Il reste encore beaucoup à faire dans ce domaine. Nous manquons d'infrastructures, d'équipes et de moyens financiers.
Il faut savoir que tous les malades ne sont pas pris en charge, donc même si on leur trouve des donneurs compatibles, ils ne peuvent pas supporter les frais de l'intervention. Quant aux donneurs, ils ne sont pas du tout pris en charge et ne bénéficient donc d'aucune compensation.
Si quelqu'un décide de faire don d'un rein par exemple, c'est à ses risques et périls. Il doit supporter les frais d'analyse et les soins médicaux pré et post opération», explique Bourquia. Et d' ajouter : «Ces désagréments font parti des raisons pour lesquelles les gens refusent de faire des dons d'organe. Sans compter les fausses idées qui circulent concernant le don d'organes et la greffe, dues au manque de sensibilisation».
Le manque de sensibilisation est justement le problème dont souffrent les malades cardiaques qui attendent des greffes de cœur. «Beaucoup d'enfants meurent faute de dons. les gens ont du mal à accepter de faire don de leurs cœurs. Ils ne sont pas assez sensibilisés et conscients de l'importance de ce genre de dons pour sauver des vies. Lorsqu'on demande à une personne de signer le document qui nous autorise à greffer son cœur au cas où elle décèderait, elle prend peur et refuse. On espère que cela va évoluer sachant que l'amélioration dépend de la coordination entre beaucoup de secteurs», affirme Jennan Saïd, cardiologue, président de l'association les Bonnes œuvres du cœur.
Journée de sensibilisation à Marrakech
Une journée de sensibilisation a été organisée le 16 octobre dernier à Marrakech, dans le but de vulgariser le don d'organes après le décès des patients. Pour cela, il a été procédé à la distribution de dépliants et de prospectus de sensibilisation quant à l'importance du don d'organes. Cette journée a été, également, l'occasion pour un staff médical spécialiste dans les greffes de cornées de fournir à l'assistance, une série d'explications et d'éclaircissements sur l'importance du don d'organes, aussi bien d'un point de vue religieux que social, ainsi que sur les méthodes de préservation des patients morts encéphaliques. Hier lundi 17 octobre a été inaugurée, officiellement, la première banque des yeux au Maroc implantée au CHU Mohammed VI. Cette infrastructure sera en mesure de permettre de développer davantage la greffe de la cornée et de combler le déficit enregistré dans ce domaine, que ce soit au plan régional ou à l'échelle nationale.
Repères
Plan d'action
Le ministère de la Santé consacre un plan d'action 2011-2013 afin de promouvoir la greffe d'organes. L'objectif est de réaliser 250 transplantations de reins et 1.000 greffes de cornée par an à l'horizon de 2020.
Greffes
Selon le Conseil consultatif de la transplantation des organes humains, 20 à 25 greffes de reins et 500 de moelles osseuses sont effectuées annuellement.
Reins
Au Maroc, quelque 10.000 personnes sont dialysées, selon l'Association Reins. Seulement 200 ont été greffées depuis 1986, année de la première greffe de reins dans notre pays.
Par Hafsa SAKHI
Publié le : 17.10.2011 | 16h12
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