Fraudes alimentaires Les chiffres explosent au Ramadan

-222 tonnes refoulées et 337 tonnes détruites en un seul mois
-Etiquetage, hygiène et défaut de la chaîne du froid, les défaillances


TRÈS lourd le bilan du contrôle sanitaire des produits alimentaires. En un seul mois les services de l’Office dédié ont procédé au refoulement de 222 tonnes et à la destruction de 336,7 tonnes d’aliments impropres à la consommation.
Il a donc suffi de renforcer le contrôle durant le mois de Ramadan pour relever l’ampleur insoupçonnée de la fraude. Et ce n’est que la partie visible de l’iceberg puisque les actions des agents de l’Office national de sécurité des produits alimentaires (Onssa) «ont été surtout focalisées sur les denrées les plus consommées durant la période du jeûne». Il n’empêche que le contrôle a concerné près de 870.000 tonnes de produits aussi bien à l’import que sur le marché local. Ce qui a nécessité quelque 795 actes de contrôle englobant l’audit documentaire, physique et des prélèvements d’échantillons pour analyses.
Résultat, d’importantes quantités de produits qui meublent les étalages aussi bien de la grande distribution que des épiceries de quartier ont été refoulées aux frontières.
Les statistiques de l’Onssa ne précisent pas les pays d’origine et encore moins l’identité des importateurs mais la nature des produits renseigne sur les risques encourus. Dans le lot on retrouve des produits laitiers et dérivés (60 tonnes), des dattes (38 tonnes), des jus et nectars d’orange, de pomme et de mangue et d’ananas (65 tonnes). S’ajoutent aussi des boissons instantanées et des huiles.
Pour tous les produits emballés, la non-conformité de l’étiquetage figure en tête des motifs de refoulement. C’est dire l’intention manifeste de la fraude. D’autant plus que la présence d’additifs alimentaires non autorisés au Maroc y a été aussi détectée. Sur des produits non élaborés comme les dattes, les agents de l’Onssa ont même relevé des lots contaminés par des insectes (fruits véreux).
Il ne s’agit certainement pas d’une génération spontanée développée durant le voyage des fruits. Le phénomène doit remonter à plusieurs semaines, voire des mois dans la mesure où ces fruits sont issus de la récolte de l’année passée.
Au niveau du marché local, la fraude est aussi flagrante: 590 procès-verbaux ont été dressés. Ce qui s’est traduit par la saisie et la destruction d’environ 336,7 tonnes de produits impropres à la consommation. Là aussi l’Office ne dévoile ni les marques incriminées ni l’identité des fraudeurs. Il recommande toutefois aux consommateurs «de ne s’approvisionner qu’en denrées alimentaires contrôlées et mises en vente dans le respect des conditions d’hygiène et de salubrité». Traduisez le respect de la chaîne du froid, l’étiquetage et les dates de péremption.
Au demeurant, ce sont ces paramètres qui font défaut dans la plupart des cas des saisies. Car, à l’exception des viandes et abats dont les saisies ont été effectuées dans les abattoirs, tous les autres produits étaient déjà dans les circuits de commercialisation. C’est entre autres les cas de poissons (225 tonnes), de lait et produits laitiers (28, 15 tonnes), charcuterie (9 tonnes), de 19.767 plats préparés et 730 litres de boissons gazeuses, jus et nectars. Eaux minérales, biscuits, fruits et légumes fruits, dattes, miel et conserves figurent aussi parmi les produits détruits. Autant dire que notre assiette est fort exposée au risque d’intoxication.

A. G.
Édition N° 3611 du 2011/09/08