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Régionalisation avancée: Les critères de découpage
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Régionalisation avancée: Les critères de découpage
- Fonctionnalité économique et interactions entre popula-tions
- Défis majeurs dans les territoires semi-arides ou oasiens
- Résorber les déséquilibres entre les régions
La future configuration des régions, en tant qu’entités territoriales fonctionnelles et institutionnelles, a été établie sur la base de critères de fonctionnalité économique, de pôles de développement intégré, de relations et interactions dynamiques, actuelles et prévisibles entre les populations concernées. Cependant, et c’est une originalité du projet, là où les contraintes environnementales posent encore des défis majeurs, essentiellement dans les vastes étendues de territoire peu peuplées, semi arides ou oasiennes, le choix a été fait d’ériger des régions dont cette spécificité est précisément reconnue. Cela dans l’intention de les faire bénéficier d’un nouvel élan de solidarité nationale active et conséquente, pour qu’elles puissent mettre en valeur leurs potentialités propres.
Les fondements du projet de régionalisation avancée consacrent ainsi plus de démocratie au niveau des régions. En outre, l’Etat doit se déconcentrer pour accompagner toute forme de régionalisation. Celle-ci permettra donc une profonde réforme territoriale de l’Etat. Ce dernier continuera d’exercer sa fonction de contrôle et de suivi. Autre élément, il faut qu’il y ait une solidarité entre les régions riches et les régions pauvres. La régionalisation doit donc développer des systèmes, des piliers, des péréquations pour résorber les déséquilibres entre les régions.
En fait, la Commission consultative sur la régionalisation (CCR), a travaillé sur la base de certains paradigmes: régionalisation et démocratie, régionalisation et modernisation de l’Etat, régionalisation et développement économique et social, régionalisation et participation. Le projet consacre ainsi la région comme échelon important de la démocratie dont les représentants vont être élus au suffrage universel. Il fallait aussi trouver une articulation avec les autres échelons démocratiques (communes, provinces, société civile et secteur économique) du moment où la région est appelée à devenir l’intégrateur des politiques du développement.
C’est pour cette raison que le projet a donné une pré-éminence à la région, mais pas une hiérarchie, pour qu’elle puisse servir de catalyseur et harmoniser les politiques de développement entre toutes les collectivités locales et entités élues. Cependant, la province va être maintenue là où c’est nécessaire parce qu’elle constitue l’outil d’agrégation au profit de la région. Cette dernière peut utiliser la province comme outil de mise en œuvre des politiques de développement (exemple: on décide l’électrification d’une commune rurale, on confie l’exécution du travail à la province).
Une grande place est également réservée à l’éclosion de la société civile en créant des partenariats et en lui consacrant des dotations annuelles importantes. Et également en faisant des appels à projets surtout à dimension régionale et non uniquement locale. On a insisté sur la gouvernance de tout cela à travers la subsidiarité. La région ne viendra donc plus investir dans une commune mais peut l’aider.
Quant au découpage proprement dit, c’est une affaire d’une autre dimension. Les membres de la CCR savaient pertinemment qu’ils étaient très attendus et qu’ils allaient être critiqués sur ce point. Sur la base des données démographiques, sociologiques, historiques, cartographiques… collectées des entités ont été dégagées.
Celle qui ne pose aucun problème, c’est la région Tanger-Tétouan. Elle a été conservée telle quelle, car déjà harmonieuse. Ce qui n’est pas le cas pour Kénitra. La Commission a estimé que c’était un non sens d’avoir une région qui est déjà dans le sillage de Rabat avec des provinces à Sidi kacem, Sidi Slimane… alors que c’est un axe qui est en interaction avec la capitale (ligne de chemin de fer, économie…). Donc la profondeur de Rabat va être constituée de Kénitra, Khémisset, Sidi Kacem, Souk El Arbaâ et Témara. Voilà une région qui est autour de la capitale qui sera importante, parce que l’articulation de Rabat dans sa conception métropolitaine dépasse largement celle de Kénitra.
Pour sa part Casablanca a toujours été la grande Chaouia. Dans sa morphologie démographique, il y a les gens de la Chaouia et des Doukkala. Aujourd’hui, l’effet métropolisation de Casablanca va jusqu’à El Oualidia. Alors que Settat et Ben Slimane sont le prolongement naturel de Casablanca. Il fallait donc créer autour de la capitale économique une profondeur qui est logique avec son articulation à ces deux provinces.
Casablanca ne peut plus avancer si elle n’a pas de profondeur notamment pour délocaliser les activités industrielles entre autres. Casablanca a donc besoin de Settat, d’El Jadida, d’Azemmour, de Sidi Bennour…
Reste alors Khouribga-Ouardigha actuellement rattachée à la Chaouia avec laquelle elles n’ont aucune affinité. Le bassin normal géographique, économique et social de cette région se situe dans le Tadla. On a donc pensé à un pôle de développement de la montagne parce que cette région compte Azilal, Béni Mellal, Khénifra et le grand bassin minier de Khouribga. Toute cette région, c’est la même topographie, en plus des nombreuses affinités entre leurs populations. Voila une région qui peut devenir une référence dans le développement de la montagne.
Autre future région qui pose problème, Fès-Meknès. Les membres de la CCR se sont trouvés devant un non sens. Deux villes avec deux légitimités historiques qui se tournent le dos alors qu’elles sont à une cinquantaine de kilomètres l’une de l’autre. A l’image de Tanger-Tétouan, Fès et Meknès sont complémentaires. Il était donc nécessaire de regrouper ces deux régions pour en faire un pôle central qui peut jouer un rôle pour la fixation des gens notamment ceux venant de l’Est.
Tafilalet et Ouarzazate, elles aussi, ont toujours posé des problèmes pour le découpage régional. Aujourd’hui que le Maroc entre dans la mise en œuvre du concept du développement durable, dans la protection de l’environnement, la Commission a pensé à un travail de fixation d’une région qui est écologiquement très fragile.
Concernant Al Hoceima, il y a toute une polémique. Un très fort lobby de cette région, installé à Tanger, veut la rattacher à Tanger-Tétouan. Or, toutes les données tant sociologiques qu’économiques montrent que les relations d’Al Hoceima avec la région de l’Oriental sont plus fortes que celles avec Tanger-Tétouan. Donc le Rif restera rattaché à l’Oriental d’autant plus qu’une bonne partie de cette région en relève déjà
Pour Agadir, le polygone naturel de Souss-Massa ne pose aucun problème. Idem pour Safi et Essaouira qui vont intégrer Marrakech.
Gouvernance
LE projet de régionalisation avancée consacre la gouvernance locale. Ses concepteurs ont estimé qu’il ne faut plus qu’il y ait tutelle mais contrôle de la légalité sauf dans le cas où le wali constate qu’il y a sujet à irrégularités dans la gestion locale. Il peut alors saisir le juge. Disposition qui n’existe pas actuellement. Désormais, l’exécutif des assemblées régionales reviendra aux présidents.
Édition N° 3577 du 2011/07/20
Jamal Eddine HERRADI
- Défis majeurs dans les territoires semi-arides ou oasiens
- Résorber les déséquilibres entre les régions
La future configuration des régions, en tant qu’entités territoriales fonctionnelles et institutionnelles, a été établie sur la base de critères de fonctionnalité économique, de pôles de développement intégré, de relations et interactions dynamiques, actuelles et prévisibles entre les populations concernées. Cependant, et c’est une originalité du projet, là où les contraintes environnementales posent encore des défis majeurs, essentiellement dans les vastes étendues de territoire peu peuplées, semi arides ou oasiennes, le choix a été fait d’ériger des régions dont cette spécificité est précisément reconnue. Cela dans l’intention de les faire bénéficier d’un nouvel élan de solidarité nationale active et conséquente, pour qu’elles puissent mettre en valeur leurs potentialités propres.
Les fondements du projet de régionalisation avancée consacrent ainsi plus de démocratie au niveau des régions. En outre, l’Etat doit se déconcentrer pour accompagner toute forme de régionalisation. Celle-ci permettra donc une profonde réforme territoriale de l’Etat. Ce dernier continuera d’exercer sa fonction de contrôle et de suivi. Autre élément, il faut qu’il y ait une solidarité entre les régions riches et les régions pauvres. La régionalisation doit donc développer des systèmes, des piliers, des péréquations pour résorber les déséquilibres entre les régions.
En fait, la Commission consultative sur la régionalisation (CCR), a travaillé sur la base de certains paradigmes: régionalisation et démocratie, régionalisation et modernisation de l’Etat, régionalisation et développement économique et social, régionalisation et participation. Le projet consacre ainsi la région comme échelon important de la démocratie dont les représentants vont être élus au suffrage universel. Il fallait aussi trouver une articulation avec les autres échelons démocratiques (communes, provinces, société civile et secteur économique) du moment où la région est appelée à devenir l’intégrateur des politiques du développement.
C’est pour cette raison que le projet a donné une pré-éminence à la région, mais pas une hiérarchie, pour qu’elle puisse servir de catalyseur et harmoniser les politiques de développement entre toutes les collectivités locales et entités élues. Cependant, la province va être maintenue là où c’est nécessaire parce qu’elle constitue l’outil d’agrégation au profit de la région. Cette dernière peut utiliser la province comme outil de mise en œuvre des politiques de développement (exemple: on décide l’électrification d’une commune rurale, on confie l’exécution du travail à la province).
Une grande place est également réservée à l’éclosion de la société civile en créant des partenariats et en lui consacrant des dotations annuelles importantes. Et également en faisant des appels à projets surtout à dimension régionale et non uniquement locale. On a insisté sur la gouvernance de tout cela à travers la subsidiarité. La région ne viendra donc plus investir dans une commune mais peut l’aider.
Quant au découpage proprement dit, c’est une affaire d’une autre dimension. Les membres de la CCR savaient pertinemment qu’ils étaient très attendus et qu’ils allaient être critiqués sur ce point. Sur la base des données démographiques, sociologiques, historiques, cartographiques… collectées des entités ont été dégagées.
Celle qui ne pose aucun problème, c’est la région Tanger-Tétouan. Elle a été conservée telle quelle, car déjà harmonieuse. Ce qui n’est pas le cas pour Kénitra. La Commission a estimé que c’était un non sens d’avoir une région qui est déjà dans le sillage de Rabat avec des provinces à Sidi kacem, Sidi Slimane… alors que c’est un axe qui est en interaction avec la capitale (ligne de chemin de fer, économie…). Donc la profondeur de Rabat va être constituée de Kénitra, Khémisset, Sidi Kacem, Souk El Arbaâ et Témara. Voilà une région qui est autour de la capitale qui sera importante, parce que l’articulation de Rabat dans sa conception métropolitaine dépasse largement celle de Kénitra.
Pour sa part Casablanca a toujours été la grande Chaouia. Dans sa morphologie démographique, il y a les gens de la Chaouia et des Doukkala. Aujourd’hui, l’effet métropolisation de Casablanca va jusqu’à El Oualidia. Alors que Settat et Ben Slimane sont le prolongement naturel de Casablanca. Il fallait donc créer autour de la capitale économique une profondeur qui est logique avec son articulation à ces deux provinces.
Casablanca ne peut plus avancer si elle n’a pas de profondeur notamment pour délocaliser les activités industrielles entre autres. Casablanca a donc besoin de Settat, d’El Jadida, d’Azemmour, de Sidi Bennour…
Reste alors Khouribga-Ouardigha actuellement rattachée à la Chaouia avec laquelle elles n’ont aucune affinité. Le bassin normal géographique, économique et social de cette région se situe dans le Tadla. On a donc pensé à un pôle de développement de la montagne parce que cette région compte Azilal, Béni Mellal, Khénifra et le grand bassin minier de Khouribga. Toute cette région, c’est la même topographie, en plus des nombreuses affinités entre leurs populations. Voila une région qui peut devenir une référence dans le développement de la montagne.
Autre future région qui pose problème, Fès-Meknès. Les membres de la CCR se sont trouvés devant un non sens. Deux villes avec deux légitimités historiques qui se tournent le dos alors qu’elles sont à une cinquantaine de kilomètres l’une de l’autre. A l’image de Tanger-Tétouan, Fès et Meknès sont complémentaires. Il était donc nécessaire de regrouper ces deux régions pour en faire un pôle central qui peut jouer un rôle pour la fixation des gens notamment ceux venant de l’Est.
Tafilalet et Ouarzazate, elles aussi, ont toujours posé des problèmes pour le découpage régional. Aujourd’hui que le Maroc entre dans la mise en œuvre du concept du développement durable, dans la protection de l’environnement, la Commission a pensé à un travail de fixation d’une région qui est écologiquement très fragile.
Concernant Al Hoceima, il y a toute une polémique. Un très fort lobby de cette région, installé à Tanger, veut la rattacher à Tanger-Tétouan. Or, toutes les données tant sociologiques qu’économiques montrent que les relations d’Al Hoceima avec la région de l’Oriental sont plus fortes que celles avec Tanger-Tétouan. Donc le Rif restera rattaché à l’Oriental d’autant plus qu’une bonne partie de cette région en relève déjà
Pour Agadir, le polygone naturel de Souss-Massa ne pose aucun problème. Idem pour Safi et Essaouira qui vont intégrer Marrakech.
Gouvernance
LE projet de régionalisation avancée consacre la gouvernance locale. Ses concepteurs ont estimé qu’il ne faut plus qu’il y ait tutelle mais contrôle de la légalité sauf dans le cas où le wali constate qu’il y a sujet à irrégularités dans la gestion locale. Il peut alors saisir le juge. Disposition qui n’existe pas actuellement. Désormais, l’exécutif des assemblées régionales reviendra aux présidents.
Édition N° 3577 du 2011/07/20
Jamal Eddine HERRADI
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