Plans d’épargne: Gros ratage

par **Admin** Sam 9 Juil - 10:50

- Encours ridicule de 30 millions de DH à fin mai!
- Les décrets d’application toujours au SGG
- Chocs des politiques contradictoires

Timide démarrage pour les plans d’épargne lancés en janvier. A fin mai, l’encours ne dépasse pas 30 millions de DH

La mayonnaise tarde à prendre. Depuis leur instauration en janvier dernier, les plans d’épargne, des produits censés encourager et développer l’épargne longue des ménages, semblent ne pas susciter l’intérêt escompté. Selon nos informations, les textes d’application trainent depuis plusieurs mois au secrétariat général du gouvernement. «Ces textes d’application prévus par la loi des Finances 2011 n’ont pas encore été publiés au bulletin officiel, bien qu’ils aient été discutés et finalisés par toutes les parties concernées(1)», affirme une source bien informée. Cela rend la commercialisation de ces produits très difficile. «Ils ne correspondent aux besoins actuels», soutient la même source. Preuve en est, les chiffres, comme nous l’annoncions en exclusivité dans notre édition du 7 juillet, montrent une certaine frilosité de la part des particuliers envers ces produits. Au terme des 5 premiers mois de l’année, l’encours global des plans d’épargne ne dépasse pas les 30 millions de DH pour un total de 77.749 comptes ouverts. Par type de produit, le plan épargne action totalise près de 72% de l’encours avec 21 millions de DH, contre 17% pour le plan épargne logement et seulement 10% pour le plan épargne éducation. D’après plusieurs opérateurs, à l’exception du plan épargne action, les autres produits sont fortement concurrencés par d’autres que les banques commercialisent déjà. A commencer par le crédit logement à 100% pour n’incite pas les gens à épargner. «Il faut donc cibler davantage la clientèle jeune», suggère un banquier. Idem pour le plan épargne éducation qui est concurrencé par «la rente éducation», un produit d’assurance, également vendu par les banques. Il s’agit d’une épargne libre destinée à l’éducation qui est exonérée d’impôt au bout de 8 ans. Cela constitue, en somme, un choc de politiques contradictoire. Il faudra trancher entre la mobilisation de l’épargne longue et améliorer la consommation des ménages. Le gouvernement devra définitivement choisir. Dans ces conditions, certains banquiers doutent de l’efficacité même de ces produits dans la mobilisation de l’épargne. Toutefois, même si l’encours de ces plans pèse peu sur les dépôts de la clientèle auprès des banques qui se chiffrent à fin mai, à près de 604 milliards de DH, l’optimisme est de mise au sein de la banque centrale, d’autant plus que les modalités d’application ne sont pas encore totalement arrêtées.

(1) Associations professionnelles, Direction du Trésor et des finances extérieures ainsi que Bank Al-Maghrib

Édition N° 3569 du 2011/07/08
M.A.B.