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Benkirane a cédé sur les «ministres sans portefeuille»
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Benkirane a cédé sur les «ministres sans portefeuille»
-Un Pjdiste ministre d’Etat!
-De nouvelles appellations conformes à la Constitution
Le nouveau chef du gouvernement avait promis dès sa désignation de dégraisser le mammouth, à commencer par la réduction du nombre de ministères. Une promesse que Abdelillah Benkirane n’a pas pu tenir pour des raisons liées aux équilibres politiques de la majorité et aux revendications de portefeuilles. Au moment des négociations pour la formation du gouvernement, il y a eu beaucoup de discussions autour de la restructuration de l’exécutif, notamment en scindant certains départements comme celui de l’Intérieur ou des Finances mais aussi en supprimant certains ministères. Il y a bien eu disparition de certains portefeuilles comme celui du Commerce extérieur. Reste que ces changements «étaient plus soumis à des contraintes de répartition des portefeuilles qu’à une stratégie tendant vers la performance de l’action de ces départements», de l’avis de Lhoucine Aabouchi, professeur de sciences politiques à l’Université Qadi Ayyad à Marrakech. Parallèlement, certains ministères ont changé d’appellation comme le ministère de la Justice et des Libertés, celui des Relations avec le Parlement et la société civile, le ministère délégué chargé des Affaires générales et de la gouvernance. Il s’agit de concepts consacrés par la Constitution qui leur a réservé plusieurs articles et parfois tout un chapitre comme c’est le cas pour la gouvernance (Libertés chapitre 2, Gouvernance chapitre 12, Société civile article 12…). A travers ces nouvelles appellations, le gouvernement a pour objectif de «donner un sens à ces concepts au niveau institutionnel afin de favoriser leur mise en œuvre», explique Aabouchi. Mais au-delà des intentions, il faudra rester vigilant au niveau de la pratique pour voir si ces concepts seront mis en œuvre effectivement ou cela va se limiter uniquement aux appellations. Le nombre de ministères, quant à lui, n’a pas beaucoup changé par rapport à l’équipe El Fassi (31 ministères dont le chef du gouvernement contre 35 pour le gouvernement El Fassi). Au sein de cette équipe, le poste de ministre d’Etat, en clair un ministre sans portefeuille, tant critiqué par le PJD, n’a pas disparu. Benkirane a réservé ce poste à son «compagnon de route» Abdallah Baha.
Face aux critiques relatives à la taille de l’équipe gouvernementale, Benkirane pourra néanmoins compter sur l’homogénéité de son équipe avec une majorité à 4 partis qui «tranche avec les précédents gouvernements où les coalitions pouvaient contenir jusqu’à 7 partis», de l’avis du politologue. Ce qui constitue un gage de cohérence nécessaire pour la mise en place d’un programme gouvernemental basé sur une vision commune. Cette cohérence ne semble pas tenir selon l’économiste Driss Benali qui estime qu’il s’agit d’un «gouvernement hétéroclite qui manque d’homogénéité puisqu’il regroupe des marxistes, des islamistes, des libéraux ainsi que des technocrates dont un qui vient de quitter un parti de l’opposition».
Regain de confiance
Les profils des ministres et la formation du gouvernement sont devenus un sujet de discussions publiques. Ce qui constitue «un premier pas vers le regain de confiance des citoyens dans la politique, incontournable pour la consolidation du processus de transition démocratique», explique Aabouchi. Un optimisme qui n’est pas partagé par l’économiste Driss Benali qui estime que «ce gouvernement risque de constituer un remake de l’expérience de l’alternance». Les «véritables décisions seront prises par un gouvernement de l’ombre. Surtout que certains ministres manquent de compétence et d’expérience», croit si bien dire Benali. Face à ce scepticisme, l’équipe de Benkirane est appelée à faire preuve d’efficacité au niveau de l’action politique, mais également au niveau de la communication basée sur une approche de proximité.
M. A. M.
Édition N° 3693 du 2012/01/05
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