Gouvernement : la répartition tranchée

Sauf changement de dernière minute, le 30e gouvernement de l’histoire du Maroc se composerait de 12 ministres PJDistes, 7 istiqlaliens, 5 du MP, 4 du PPS et 3 technocrates.


La majorité de Benkirane n’attend que la validation de son organigramme par le Palais pour entamer l’ultime phase des tractations : mettre des noms sur des maroquins et régler les derniers problèmes en suspens. La réunion de mercredi des partis de la majorité a été consacrée, justement, à cette question. Elle devait avoir lieu après l’audience que devait accorder le roi au chef du gouvernement, prévue le même jour. En attendant la tenue de ce round, il est fort probable que l’équipe Benkirane sera composée de 28 ministres : 12 pour le PJD, 7 pour l’Istiqlal, 5 pour le MP et 4 pour le PPS. À cela, il faut ajouter trois technocrates au secrétariat général du gouvernement, à la Direction de la Défense et au ministère des Habous et des Affaires islamiques. En tout, le cabinet Benkirane pourrait être constitué de 31 ministres.


S’il y a un certain consensus sur la composition, la répartition de certains départements est au cœur d’une grande, mais silencieuse, polémique entre les membres de la majorité. Le ministère délégué à l’Intérieur chargé des collectivités locales en fait, d’ailleurs, partie. Il est convoité à la fois par le MP et par le PJD. Chaque formation a ses propres arguments. Le Mouvement populaire avance qu’un ministère, même scindé en deux, doit être occupé par un seul parti afin que les conditions de la cohésion au sein de l’Intérieur soient réunies. Si la proposition du MP est retenue, nous aurons de fortes chances de voir Mohand Laenser, le secrétaire général du Mouvement populaire, à l’Intérieur et Mohamed Ouzzine aux Collectivités locales. Les frères de Benkirane lorgnent également les mêmes maroquins. Sous couvert d’anonymat, des sources à la Lampe nous confient que les Collectivités locales sont prioritaires; au même titre que les Finances, la Santé, la Justice ou encore l’Éducation nationale.

Consécration pour le PPS

En revanche, les mêmes sources assurent que les PJDistes n’insistent pas, outre mesure, sur les Affaires étrangères. Sauf coup de théâtre, ce département pourrait revenir au PPS en la personne de Nabil Benabdellah. Ce serait une belle consécration pour ce diplomate de courte durée, forcé de quitter l’ambassade du royaume à Rome dans des conditions très embarrassantes. En plus du maroquin du secrétaire général du Livre, trois autres départements pourraient tomber dans l’escarcelle du PPS. Une autre consécration pour cette formation, habituée à des postes de second rang dans les précédents gouvernements, et ce, depuis 1998, date de l’avènement du gouvernement de Abderrahman Youssoufi. Driss Jettou et Abbas El Fassi n’ont point dérogé à la règle établie par l’USFP. Durant presque 13 ans de participation, le PPS compte un court passage de Ismail Alaoui (8 avril 1999 au 6 septembre 2000) à l’Education nationale avant d’être nommé à l’Agriculture au gouvernement Youssoufi II.

Avec l’équipe menée par l’islamiste Benkirane, les camarades pourraient retrouver le sourire. En dépit des divergences idéologiques entre la Lampe et le Livre, le chef du gouvernement a de l’estime pour l’histoire du PPS. Le fait que cette formation n’a pas suivi l’USFP dans son aventure à l’opposition a nettement augmenté ses chances de décrocher plus de maroquins dans le prochain cabinet.◆


Mohamed Jâabouk
Publié le : 22 décembre 2011