Législatives 2011 La balkanisation un peu épongée

-Une nouvelle cartographie politique
-Vers un parlement polarisé avec une majorité homogène et une opposition forte


LES résultats définitifs du scrutin du 25 novembre ont confirmé le leadership du PJD, arrivé en tête avec 107 sièges sur les 395 du nouveau Parlement. Le classement des autres formations n’a pas connu de changements avec le Parti de l’Istiqlal en 2e position (60 sièges), le RNI troisième (52 sièges) et le PAM 4e avec 47 sièges. L’USFP qui affichait de grandes ambitions depuis quelques mois n’a pas pu faire mieux qu’en 2007, se contentant de la 5e place avec 39 sièges. Le MP et le PPS ont également accusé un net recul avec un positionnement à la 6e et 8e place avec respectivement 32 et 18 sièges.
Les résultats de cette consultation électorale ont au moins le mérite de tracer une nouvelle cartographie politique au sein de l’institution législative. Avec une domination claire des grandes formations, la nouvelle composition du Parlement semble contraster avec l’éclatement de l’ancienne configuration. En effet, sur les 31 partis qui se sont lancés dans la course électorale, seuls 18 ont pu se frayer un chemin vers l’hémicycle. De plus, la majorité des sièges a été remportée par 8 partis qui ont eu plus de 18 sièges. La différence avec les autres formations est très nette, dans la mesure où seul le Parti travailliste, qui arrive en 9e position, a pu glaner 4 sièges. Pour les autres, 4 formations ont eu 2 sièges chacune et 5 disposent d’un siège chacune. Ceci devra largement participer à atténuer la balkanisation qui a caractérisé le Parlement sortant.
Cette visibilité devra encore se préciser dans la mesure où plusieurs formations ont annoncé leur fidélité aux coalitions mises en place avant les élections. Ce qui devra permettre de dégager des pôles clairs au sein du Parlement. Si le scénario prédisant une majorité gouvernementale regroupant le PJD et les composantes de la Koutla se concrétise, le Maroc pourra disposer d’une majorité forte et homogène, mais aussi d’une opposition qui dispose des moyens pour s’acquitter de son nouveau rôle constitutionnel. Des partis comme le RNI ou le PAM ont déjà annoncé leur attachement au G8. Si toutes ses composantes décident de rester ensemble dans l’opposition, elles devront peser lourd avec une équipe de 160 députés. D’autres partis sont également membres d’une autre coalition notamment l’Alliance des partis du centre, regroupant le Mouvement démocratique et social (2 sièges), le parti d’Al Ahd Addimocrati (2 sièges) et le Parti du renouveau et de l’équité (2 sièges).
Les résultats annoncés par le ministère de l’Intérieur ont également permis de dévoiler le nombre de femmes et de jeunes dont disposera chaque parti dans le cadre de la liste nationale. Les 90 sièges réservés à cette liste vont permettre d’injecter du nouveau sang dans l’institution parlementaire. Ce qui devra favoriser la diversité des profils grâce notamment à des députés comme Nezha El Ouafi du PJD, issue de la communauté marocaine résidant à l’étranger, ou encore Yassine Ahajjam, l’acteur qui a choisi de se présenter sous les couleurs du parti islamiste.
La liste nationale a également permis à des figures connues de briguer un nouveau mandat au Parlement, comme Bassima Hakkaoui, la tête de la liste des femmes du PJD. D’autres personnalités qui avaient opté pour la liste nationale au lieu de tenter leurs chances au niveau local ont failli faire les frais de ce choix. C’est le cas de la ministre sortante Nouzha Sqalli, qui a été difficilement élue. Elle a été classée en 4e position sur la liste des candidats du PPS qui n’a finalement obtenu que 4 sièges réservés aux femmes et 2 réservés aux jeunes. Driss Redouani, le SG de la jeunesse socialiste a fait les frais de son classement sur la liste des jeunes. Seuls Rachid Roukbane, le SG de l’organisation Talaiî de l’enfance du PPS a été élu en compagnie de Anas Doukkali, membre du bureau politique. Le RNI, lui, a réussi à garantir des sièges à sa tête de liste et à huit autres femmes dont la chanteuse Fatima Tabaâmrante. Le PAM, qui a décroché 12 sièges dont 8 pour les femmes, a réussi à faire passer son tête de liste des jeunes, Youness Sekkouri, mis au-devant de la scène depuis quelques mois, et qui sera certainement l’une des principales figures de l’opposition au sein du Parlement.
Mohamed Ali MRABI

Têtes d’affiche

■ Bassima Hakkaoui: une parlementaire aguerrie
Enseignante et doctorante en psychologie du travail, Bassima Hakkaoui est l’une des principales figures féminines du PJD. Très présente au sein de l’équipe parlementaire du parti, elle est également connue par son dynamisme dans les structures féminines de la formation de Benkirane.

■ Khalid Boukarîi:
Natif de Taza, Kahlid Boukarîi, tête de la liste des jeunes du PJD, est un pur produit du parti. Il est connu par sa dynamique au sein de la structure de jeunesse dont il est secrétaire général adjoint. Boukarîi est directeur d’une école privée à Meknès.

■ Naïma Farah: expérimentée
Naïma Farah, tête de la liste des femmes RNI, a intégré très jeune cette formation. Elle a d’ailleurs été correspondante du journal du parti à Casablanca avant de rejoindre le comité central puis le bureau exécutif. Elle fait son entrée au Parlement en 2002 dans la circonscription de Aïn Chock à Casablanca.

■ Youness Sekkouri: un joker
Bardé de diplômes, Youness Sekkouri, tête de liste des jeunes du PAM, a déjà un long parcours derrière lui, en dépit de son jeune âge. L’institution législative, il l’a déjà intégrée adolescent dans le cadre du Parlement de l’enfant. Il a également officié en tant que conseiller de l’ex-Premier ministre Driss Jettou, avant d’intégrer le ministère de l’Intérieur où il a été nommé «chargé de mission» durant le mandat de Chakib Benmoussa. Il est également le coordinateur régional du PAM à Rabat.

■ Fatna Lkhail: une valeur sûre
Membre du bureau politique du Mouvement populaire, Fatna Lkhail est l’une des principales figures féminines du parti. Cette parlementaire du Gharb est l’une des rares femmes à s’être lancée dans la course électorale dans une circonscription rurale où elle avait décroché son siège haut la main. Pour le scrutin du 25 novembre, elle a choisi de se présenter sur la liste nationale à travers laquelle elle retourne au Parlement.

■ Rachid Roukbane: Le jeune socialiste
Issu de la base militante du PPS, Rachid Roukbane, tête de la liste des jeunes du parti, est l’un des deux candidats de cette liste à avoir pu décrocher un siège. Roukbane est président de l’organisation Talaiî de l’enfance du PPS et membre du bureau politique de la formation de Benabdallah.

Édition N° 3666 du 2011/11/29