Législatives 2011 Le PJD rassure sur les libertés individuelles

-Première sortie médiatique de Benkirane, SG du parti
-Formation du gouvernement, avec priorité à la Koutla
-Cabinet restreint, recours aux technocrates,… les perspectives


POURSUIVRE les réformes notamment économiques et sociales pour renforcer la stabilité et le développement du pays. C’était le message fort qu’on peut retenir de la première conférence de presse d’Abdelilah Benkirane, SG du Parti de la justice et du développement (PJD), tenue au lendemain de son triomphe éclatant aux élections législatives anticipées du 25 novembre dernier.
Pour Benkirane, ce scrutin a rapporté dans son escarcelle deux bonnes nouvelles. La première est le taux de participation de plus de 45%, un taux relativement supérieur à celui de 2007. Cela dans un contexte difficile marqué notamment par le boycott réclamé par les partis de la gauche radicale ainsi que le mouvement Al Adl Wal Ihsane. La deuxième bonne nouvelle pour le patron du parti islamiste est le franc succès réalisé par son parti. «Nous espérions occuper la première position, mais nous étions loin de nous douter d’un tel succès qui nous a permis de réaliser ce score inédit de 107 sièges contre 47 en 2007», avance Benkirane. Une situation qui va permettre au PJD de diriger le prochain gouvernement selon les dispositions de la nouvelle Constitution. Pour ce faire, il devrait recourir à des alliances avec d’autres partis pour constituer une majorité confortable. Les premiers invités seront les partis de la Koutla, constituée du Parti de l’Istiqlal (PI), l’Union socialiste des forces populaires (USFP) et le Parti du progrès et du socialisme (PPS).
«Pour entamer les consultations avec ces partis, il faut tout d’abord attendre la nomination par le Souverain du futur chef de gouvernement», précise Benkirane. Sur ce volet, il tient à rappeler que la désignation du SG du PJD à ce poste est un choix «naturel», selon la direction du parti, réunie samedi dernier. Dans le cas contraire, cette dernière devrait se réunir pour examiner à nouveau la question. Outre les partis de la Koutla, la porte restera ouverte à certains partis du G8 comme le Mouvement populaire (MP) et même le Rassemblement national des indépendants (RNI). «Mais il n’est pas question de pactiser avec le Parti Authenticité et Modernité (PAM)», tient à réitérer Benkirane. Ce dernier est pour un cabinet très restreint en comparaison avec les précédents en signalant que la majorité des postes ne sera pas accaparé par son parti.
Le SG du parti de la lampe est même pour le recours à certains technocrates très compétents qui peuvent être utiles pour le développement de leur pays. «Mais comment le PJD va cohabiter dans ce nouveau gouvernement avec des partis comme l’USFP et le PPS avec qui il affiche des divergences sur certains points portant notamment sur les libertés individuelles», s’interrogent plusieurs journalistes.
Une occasion pour le patron du PJD de mettre au clair la position de son parti sur les priorités du prochain gouvernement. Pour lui, le plus important pour le PJD ainsi que les partis de la Koutla est le renforcement des réformes et la poursuite des chantiers pour assurer le développement économique et social du pays. Benkirane est très conscient du contexte du pays, des besoins et aspirations de la population notamment dans les domaines sociaux: emploi, santé, éducation… Dans un premier temps, le SG compte sur la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption et l’économie de rente pour améliorer la situation. Selon lui, la rentrée du nouveau gouvernement sera certainement marquée par des décisions dans ce sens. Mais, pas de grands changements au niveau de la loi de Finances préparée par l’équipe de Mezouar, et ce afin d’assurer la continuité du fonctionnement de l’Etat, selon Benkirane. Sur le registre des libertés individuelles, ce dernier tient à rassurer l’opinion nationale en rappelant qu’«aucun gouvernement ne pourra les toucher». Et la position du nouveau gouvernement envers le mouvement de 20 février? «J’ai déjà rencontré ses représentants et je suis disposé à discuter avec eux et répondre éventuellement à leurs revendications si elles sont réalistes», répond Benkirane. Ce dernier ne voit pas d’un mauvais œil leurs manifestations mais à condition de respecter la loi en vigueur. Toujours dans le même sens, le patron du PJD invite ses frères du mouvement Al Adl Wal Ihsane à revoir leur position eu égard aux résultats de ce scrutin qui confirment l’inexorable engagement des responsables dans la poursuite du processus de démocratisation de leur pays. Pour ce qui est des relations du Maroc avec l’Europe et les Etats-Unis, le SG du PJD a rappelé qu’au-delà des intérêts économiques, ces relations sont basées sur des fondements «philosophiques et historiques». Donc, il faut veiller à développer des relations équilibrées et profitables pour toutes les parties. Le renforcement des relations avec les pays d’Afrique et ceux du monde arabe figure également au programme du parti, qui semble de prime abord bien ambitieux.

Noureddine EL AISSI
Édition N° 3666 du 2011/11/29