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Prix du poisson : l'enquête qui dévoile les marges excessives des intermédiaires

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Prix du poisson : l'enquête qui dévoile les marges excessives des intermédiaires Empty Prix du poisson : l'enquête qui dévoile les marges excessives des intermédiaires

Message par Admin Jeu 8 Sep - 15:40

Pour la sardine, le prix peut être multiplié par trois entre la sortie de la halle et le panier de la ménagère ! L'insuffisance de l'offre, mais surtout l'allongement du circuit de distribution expliquent la flambée.

Prix du poisson : l'enquête qui dévoile les marges excessives des intermédiaires Marge-10
Les prix du poisson ne cessent d’augmenter, et avec eux le mécontentement des consommateurs. En ce mois de Ramadan, le phénomène s’est même aggravé, ce qui a fini par pousser le département de la pêche maritime à commander à l’Office national des pêches (ONP) une étude sur les prix du poisson. Réalisée et livrée il y a quelques jours, portant sur le marché casablancais, le plus important en termes de consommation, l’étude permet de comprendre avec exactitude la formation des prix et…elle réserve énormément de surprises, dont les plus saillantes sont la forte augmentation du prix dès la première vente et la forte contribution des intermédiaires à l’élévation du niveau des prix.
L’analyse a exclusivement porté sur deux espèces, le merlu, poisson blanc le plus populaire, et la sardine, la plus emblématique et la moins chère du pélagique. Pour chaque espèce, les données sont recoupées avec les mercuriales des halles d’origine, de sorte à avoir des prix plus précis.
Pour le merlu, l’écart des prix entre le débarquement (halle) et la vente au détail va de 20 à 36%. Par exemple, pour celui provenant d’Agadir, le kilo qui sort de la halle à 54 DH se retrouve à 90 DH dans le panier de la ménagère casablancaise, le grossiste se faisant au passage une marge de 20%, l’intermédiaire 17% et le détaillant prélève 20% de marge. Avec l’élimination de l’intermédiaire, le prix de détail du kilo de merlu venant d’Agadir recule à 80 DH. Certes, il faut compter avec le coût du transport, mais le prix passe pratiquement du simple au double !
Pour le poisson pêché à Casablanca, les écarts entre la sortie halle et le détail sont certes moins significatifs, mais on se retrouve à peu près aux mêmes niveaux de prix au consommateur. Les enquêteurs n’imputent pas seulement le niveau actuel des prix aux marges élevées des détaillants, qui atteignent parfois 23%, et des intermédiaires qui peuvent se faire jusqu’à 17% de bénéfice. Ils constatent également que le prix d’acquisition au gros représente déjà entre 60 et 80% du prix final. Ce que l’on peut interpréter comme une anticipation sur une demande accrue en période de jeûne.

La sardine d’Agadir plus abordable que celle de Casablanca
La sardine reste naturellement largement plus abordable. Néanmoins, il ressort de l’étude que les marges cumulées sont tout aussi importantes en proportion. Le produit d’origine casablancaise sort en effet de la halle à 12 DH pour se retrouver chez l’intermédiaire qui le revend à 14 DH au détaillant (18% de gain). Ce dernier applique un prix de sortie de 18 DH/kg, engrangeant au passage une marge de 23%. Cette marge du détaillant est identique si le produit vient de Jorf El Asfar ( El-Jadida). Dans cet exemple, l’intermédiaire est éliminé, mais le prix au marché de gros de Jorf est de 14 DH, contre 10 DH à la sortie de la halle, ce qui aboutit au même prix final, soit 18 DH/kg.
Quant à la sardine qui vient d’Agadir, facturée à 3 DH/kg au départ de la halle, elle est achetée à 5 DH/kg au marché de gros par le détaillant qui la revend à 9 DH, ce qui lui laisse une marge de près de 45%. Entre la sortie de la halle et le panier de la ménagère, le prix aura grimpé de 200%. Mais dans l’absolu, la sardine provenant de la capitale du Souss est largement moins chère que celle de Casablanca et de Jorf. Dans ces deux ports, la première vente représente 70% du prix final contre 33% pour le Sud.
Pour Mustapha Haddab, directeur du développement et marketing à l’ONP, tout le monde s’accorde à gonfler les marges pendant le mois de Ramadan. Et cette année, les commerçants n’y sont pas allés avec le dos de la cuillère. Les enquêteurs ont pris pour base les dix premiers jours de Ramadan. Par rapport à l’égale période de 2010 (du 10 au 21 août), le prix du kilo de merlu a augmenté de 28% et de 47% en comparaison avec la première décade d’août 2010 (hors Ramadan). Pareil pour la sardine, avec des hausses respectives de 21% et 51%.
Malgré tout, rappellent El Bekkaoui Rachid et Tarik Zarhouch, respectivement chef de la division développement et responsable du service audit à l’ONP, les fluctuations dépendant de l’humeur du marché et la disponibilité de la ressource à un instant «t».
D’une manière globale, la formation des prix est liée, notamment aux pratiques commerciales et à la présence des intermédiaires «qui n’engagent aucun frais et engendrent une hausse des prix de 10 à 15%». Et il faut croire qu’ils ont tendance à se multiplier. Heureusement que la loi sur les mareyeurs dont on attend la publication au Bulletin officiel va mettre de l’ordre dans la filière. Cependant, la diminution des quantités pêchées entre Ramadan 2010 et 2011, pourrait expliquer partiellement (voir encadré) la hausse des prix de cette année.

Offre : La production reste insuffisante
Pour situer la problématique des variations du prix, il y a plusieurs éléments à prendre en compte. Tout d’abord, 80% de la ressource est pêchée dans le stock «C» de la zone allant d’Agadir au Sahara. Ensuite, sur le million de tonnes produites sur l’année, 80% sont constituées de poisson bleu, et le reste de poisson noble. Ainsi, il faut donc avoir constamment présent à l’esprit que si le lieu de pêche est déterminé, la demande, elle, se concentre au centre du pays, ce qui impose des frais aussi bien pour le transport que la chaîne de froid pour l’acheminement de la?ressource vers les espaces de commercialisation, qui sont loin de présenter les conditions favorables de conservation et de stockage.
Ce qui rend le produit des captures doublement périssables, d’où de grosses fluctuations dans l’offre et la demande. Le tout est aggravé par le fait que la période de production elle-même est limitée dans le temps (entre mai et novembre) et que cette année, les débarquements se sont inscrits en baisse en raison de grèves et de conditions climatiques non favorables.

Mohamed El Maâroufi.
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