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Poisson: Les spéculateurs font exploser les prix
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Poisson: Les spéculateurs font exploser les prix
- La sardine atteint le pic de 30 DH le kilo
- Les professionnels dénoncent l’absence de contrôle de la pêche hauturière
Dans l’illustration ci-contre, c’est l’exemple de la sardine qui est pris. Le poisson le plus consommé au Maroc est vendu actuellement à 30 DH en moyenne dans certains quartiers de la métropole économique (Source: SNCP)
LES débarquements de poisson ont baissé de 32% depuis début 2011 par rapport à la même période de l’année précédente. Selon les chiffres de la tutelle, la production des segments de la pêche côtière et artisanale s’est établie à 386.717 tonnes. Ce qui représente une baisse de 33% par rapport aux sept premiers mois de 2010. Mais la baisse des captures explique-t-elle à elle seule la flambée des prix constatée depuis quelques semaines sur les marchés de poisson et particulièrement depuis le début du mois de Ramadan? Pour Mehdi Choukhman, responsable de la section poisson au sein du Syndicat national des commerçants et des professionnels (SNCP), section poisson, d’autres facteurs contribuent au renchérissement des prix. Il y a d’abord les perturbations des circuits de commercialisation. «Le marché du poisson connaît actuellement une situation d’anarchie structurée, caractérisée par la spéculation et l’absence de tout contrôle», explique-t-il. Si l’on en croit le professionnel, le marché de gros de poisson de Sidi Othmane n’a pas réglé le problème de l’approvisionnement des commerces.
En effet, «contrairement au marché du port, aucune vente aux enchères n’y est organisée. Le poisson fait l’objet de transactions entre plusieurs intervenants, parfois même à l’extérieur du marché. Or, la vente aux enchères est justement un mécanisme de régulation des prix», explique Choukhman. De plus, le secteur a vu ces derniers mois l’arrivée de nouveaux intermédiaires, qui proviennent d’autres domaines d’activité et d’autres régions. «Ces intervenants, qui se sont multipliés récemment, ont introduit de nouvelles méthodes de travail. Ce qui crée des tensions sur les marchés», affirme-t-on auprès du SNCP. Et d’ajouter que ces intermédiaires achètent du poisson selon la disponibilité de la ressource et l’expédient dans la région où ils sont convaincus de le vendre au prix fort. «Il arrive que ces spéculateurs rappellent leur marchandise pour la réorienter vers un autre marché ou une autre région où la demande est plus élevée. Transporté dans de très mauvaises conditions, le poisson arrive souvent impropre à la consommation», explique le commerçant. Certains camions et autres triporteurs transportent, en effet, le poisson sans aucun respect de la chaîne du froid ni des conditions d’hygiène.
Conjuguée à la spéculation, la multiplicité des intermédiaires, surtout depuis la création du nouveau marché de gros du poisson, explique la flambée des prix. Par ailleurs, contrairement aux secteurs des fruits et légumes, qui connaît le même phénomène, «les intermédiaires opérant dans le commerce du poisson exercent de manière permanente». Depuis l’avènement du printemps arabe, de nouveaux marchands se sont reconvertis dans le commerce du poisson. Ce qui n’est pas pour contribuer à la baisse des prix.
Ainsi, selon la profession, la sardine, qui est l’espèce de poisson la plus populaire au Maroc, est achetée à environ 8 DH par le mareyeur pour être vendue à 12 DH. Elle est ensuite revendue par le grossiste avec une marge bénéficiaire de 4 à 5 DH. La sardine est par la suite commercialisée par les intermédiaires occasionnels avec une marge bénéficiaire située entre 10 et 15 DH environ, selon la situation. Quant au détaillant, il s’adjuge une marge bénéficiaire de 5 à 10 DH, selon les quartiers huppés ou populaires. Soit un prix total de 30 DH parfois. Pour les poissons nobles, tels que le merlan colin, l’espadon, l’ombrine…, les marges sont encore plus importantes.
Autre facteur expliquant les niveaux de prix atteints par le poisson, la forte demande des consommateurs pour cette denrée alimentaire d’une manière générale, et pendant Ramadan en particulier. «Les habitudes de consommation des Marocains ont changé. Ecoutant les conseils médicaux, ils préfèrent désormais consommer du poisson à la place des viandes rouges», analyse Choukhman.
Pour Abderrahman Bousri, président de l’Association professionnelle de la pêche côtière à Tan-Tan, la flambée des prix ne s’explique pas que par la multiplicité des intermédiaires. Selon ce dernier, la sardine, qui constitue «un véritable baromètre du secteur», était achetée à 2 DH par les mareyeurs. Depuis quelques semaines, elle a complètement disparu d’Agadir, quand bien même ils seraient prêts à la payer à 15 DH. «C’est plutôt la rareté de la ressource qui explique la flambée des prix».
Selon Bousri, «cette année a été marquée par de fortes variations de température des eaux de mer, essentiellement dans la zone sud, qui approvisionne tout le Maroc». C’est la raison pour laquelle les professionnels ont saisi la tutelle pour réclamer une nouvelle cartographie des eaux poissonneuses, entre Boujdour et Dakhla.
Economie de rente
LES professionnels de la pêche dénoncent l’absence de contrôle des bateaux russes et de l’Union européenne opérant dans les eaux territoriales marocaines. «Ces bateaux n’ont jamais débarqué leurs captures au port de Dakhla comme convenu lors de la signature des accords de pêche. De plus, le port de Dakhla n’a pas été dimensionné par rapport à ces volumes de pêche», affirme Abderrahman Bousri, président de l’Association professionnelle de la pêche côtière à Tan-Tan. Ce dernier n’est pas le seul à relever l’absence de contrôle de la pêche hauturière. «Les barons de ce segment pêchent en haute mer et débarquent leurs captures au port de Las Palmas au détriment du marché national», fustige Mehdi Choukhman, responsable de la section poisson au sein du Syndicat national des commerçants et des professionnels (SNCP).
Hassan El ARIF
Édition N° 3599 du 2011/08/19
- Les professionnels dénoncent l’absence de contrôle de la pêche hauturière
Dans l’illustration ci-contre, c’est l’exemple de la sardine qui est pris. Le poisson le plus consommé au Maroc est vendu actuellement à 30 DH en moyenne dans certains quartiers de la métropole économique (Source: SNCP)
LES débarquements de poisson ont baissé de 32% depuis début 2011 par rapport à la même période de l’année précédente. Selon les chiffres de la tutelle, la production des segments de la pêche côtière et artisanale s’est établie à 386.717 tonnes. Ce qui représente une baisse de 33% par rapport aux sept premiers mois de 2010. Mais la baisse des captures explique-t-elle à elle seule la flambée des prix constatée depuis quelques semaines sur les marchés de poisson et particulièrement depuis le début du mois de Ramadan? Pour Mehdi Choukhman, responsable de la section poisson au sein du Syndicat national des commerçants et des professionnels (SNCP), section poisson, d’autres facteurs contribuent au renchérissement des prix. Il y a d’abord les perturbations des circuits de commercialisation. «Le marché du poisson connaît actuellement une situation d’anarchie structurée, caractérisée par la spéculation et l’absence de tout contrôle», explique-t-il. Si l’on en croit le professionnel, le marché de gros de poisson de Sidi Othmane n’a pas réglé le problème de l’approvisionnement des commerces.
En effet, «contrairement au marché du port, aucune vente aux enchères n’y est organisée. Le poisson fait l’objet de transactions entre plusieurs intervenants, parfois même à l’extérieur du marché. Or, la vente aux enchères est justement un mécanisme de régulation des prix», explique Choukhman. De plus, le secteur a vu ces derniers mois l’arrivée de nouveaux intermédiaires, qui proviennent d’autres domaines d’activité et d’autres régions. «Ces intervenants, qui se sont multipliés récemment, ont introduit de nouvelles méthodes de travail. Ce qui crée des tensions sur les marchés», affirme-t-on auprès du SNCP. Et d’ajouter que ces intermédiaires achètent du poisson selon la disponibilité de la ressource et l’expédient dans la région où ils sont convaincus de le vendre au prix fort. «Il arrive que ces spéculateurs rappellent leur marchandise pour la réorienter vers un autre marché ou une autre région où la demande est plus élevée. Transporté dans de très mauvaises conditions, le poisson arrive souvent impropre à la consommation», explique le commerçant. Certains camions et autres triporteurs transportent, en effet, le poisson sans aucun respect de la chaîne du froid ni des conditions d’hygiène.
Conjuguée à la spéculation, la multiplicité des intermédiaires, surtout depuis la création du nouveau marché de gros du poisson, explique la flambée des prix. Par ailleurs, contrairement aux secteurs des fruits et légumes, qui connaît le même phénomène, «les intermédiaires opérant dans le commerce du poisson exercent de manière permanente». Depuis l’avènement du printemps arabe, de nouveaux marchands se sont reconvertis dans le commerce du poisson. Ce qui n’est pas pour contribuer à la baisse des prix.
Ainsi, selon la profession, la sardine, qui est l’espèce de poisson la plus populaire au Maroc, est achetée à environ 8 DH par le mareyeur pour être vendue à 12 DH. Elle est ensuite revendue par le grossiste avec une marge bénéficiaire de 4 à 5 DH. La sardine est par la suite commercialisée par les intermédiaires occasionnels avec une marge bénéficiaire située entre 10 et 15 DH environ, selon la situation. Quant au détaillant, il s’adjuge une marge bénéficiaire de 5 à 10 DH, selon les quartiers huppés ou populaires. Soit un prix total de 30 DH parfois. Pour les poissons nobles, tels que le merlan colin, l’espadon, l’ombrine…, les marges sont encore plus importantes.
Autre facteur expliquant les niveaux de prix atteints par le poisson, la forte demande des consommateurs pour cette denrée alimentaire d’une manière générale, et pendant Ramadan en particulier. «Les habitudes de consommation des Marocains ont changé. Ecoutant les conseils médicaux, ils préfèrent désormais consommer du poisson à la place des viandes rouges», analyse Choukhman.
Pour Abderrahman Bousri, président de l’Association professionnelle de la pêche côtière à Tan-Tan, la flambée des prix ne s’explique pas que par la multiplicité des intermédiaires. Selon ce dernier, la sardine, qui constitue «un véritable baromètre du secteur», était achetée à 2 DH par les mareyeurs. Depuis quelques semaines, elle a complètement disparu d’Agadir, quand bien même ils seraient prêts à la payer à 15 DH. «C’est plutôt la rareté de la ressource qui explique la flambée des prix».
Selon Bousri, «cette année a été marquée par de fortes variations de température des eaux de mer, essentiellement dans la zone sud, qui approvisionne tout le Maroc». C’est la raison pour laquelle les professionnels ont saisi la tutelle pour réclamer une nouvelle cartographie des eaux poissonneuses, entre Boujdour et Dakhla.
Economie de rente
LES professionnels de la pêche dénoncent l’absence de contrôle des bateaux russes et de l’Union européenne opérant dans les eaux territoriales marocaines. «Ces bateaux n’ont jamais débarqué leurs captures au port de Dakhla comme convenu lors de la signature des accords de pêche. De plus, le port de Dakhla n’a pas été dimensionné par rapport à ces volumes de pêche», affirme Abderrahman Bousri, président de l’Association professionnelle de la pêche côtière à Tan-Tan. Ce dernier n’est pas le seul à relever l’absence de contrôle de la pêche hauturière. «Les barons de ce segment pêchent en haute mer et débarquent leurs captures au port de Las Palmas au détriment du marché national», fustige Mehdi Choukhman, responsable de la section poisson au sein du Syndicat national des commerçants et des professionnels (SNCP).
Hassan El ARIF
Édition N° 3599 du 2011/08/19
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