Ramadan Le mois débridé de la consommation

Comme chaque année, depuis le premier jour du mois de Ramadan, les Marocains sont saisis par la fièvre acheteuse. Même durant ces derniers jours, cette dernière continue à être dans son apogée. En effet, durant ce mois sacré, il semble que les appétits triplent.


Les Marocains ont tendance à excéder en matière de dépenses et de consommation, à croire qu'ils deviennent boulimiques pendant Ramadan. C'est une tradition qui s'est ancrée chez eux. Ils n'arrivent plus à passer ce mois sans prendre d'assaut les supermarchés, les boulangeries, les marchés… En regardant cette frénésie d'achat, on croirait que les commerces sont sur le point de fermer pour ne plus jamais rouvrir leurs portes.

Durant la journée, les ménagères courent dans tous les sens avec leurs sacs remplis de marchandises à la main. Ils sont tentés par tout ce qu'ils trouvent exposé devant eux. Elles n'hésitent pas à dépasser le seuil de ce que leur bourse peut habituellement tolérer et à sacrifier des centaines de dirhams de plus pour acheter tel ou tel produit qui, en temps normal, peut ne jamais franchir la porte de la maison. «Pendant le mois de Ramadan, je dépense entre 200 et 250 DH par jour. Je n'hésite pas à acheter tout ce que je désire pour bien garnir la table du ftour. Il m'arrive souvent d'acheter des produits que je ne consomme pas par la suite ou d'acheter quelque chose et de constater que mon mari a pris la même», raconte Fatine. «Lorsque nous invitons la famille, on peut atteindre 400 DH de dépenses. Nous devons faire bonne impression et offrir le meilleur. Après tout, Ramadan, ce n'est qu'une fois par an, autant en profiter alors», poursuit-elle. A partir de 13h, les boulangeries et pâtisseries commencent à recevoir des clients. Vers 16h, des foules «effrayantes» se précipitent à acheter pain, viennoiseries, gâteaux...

Même topo dans les supermarchés et les grandes surfaces. C'est l'heure de pointe et la plupart des consommateurs préfèrent s'approvisionner à la sortie du boulot. Avec les promotions qui «pleuvent» pendant le mois sacré, il devient difficile de résister à la tentation. Alléchantes et diversifiées, les offres des grandes surfaces spécial Ramadan sont conçues pour ne pas laisser indifférent. Les clients poussent leurs chariots pleins à craquer et n'hésitent pas à multiplier l'achat de produits dont ils ne sont même pas sûrs de leur utilité. Certains rayons sont complètement vides. L'essentiel est de respecter le rituel d'achats pendant le mois de Ramadan. Les caddies sont remplis d'œufs, yaourts, flans, conserves, boissons et jus, et parfois même de nouveaux ustensiles de cuisine comme les poêles, les verres, les bols… Bref, il y en a de tout.

Les consommateurs cassent leurs tirelires pendant le mois de Ramadan. Certains ont recours à l'endettement pour terminer le mois sans contraintes. «Il n'y a pas de doute, le mois de Ramadan est le mois des dépenses par excellence. Même lorsque j'essaye de faire des économies, je me retrouve avec une facture salée. J'ai dû demander à mon ami de me prêter de l'argent afin que je puisse passer ces derniers jours sans problèmes », raconte Hamid. Les envies sont à chaque fois à l'origine des dépenses. Chacun imagine sa table très variée avec beaucoup de plats afin de bien manger. Et qui dit plat, dit «lahdaga», le savoir-faire culinaire des femmes. Ces dernières se plaignent de ne plus avoir de temps pour préparer tout ce qu'elles souhaitent.

Avec les engagements professionnels et les tâches ménagères, de nombreuses femmes sont débordées. Les femmes au foyer, quant à elles, passent toutes leurs journées à cuisiner. Certaines essaient les nouvelles recettes qu'elles découvrent à la télévision tandis que d'autres puisent dans leurs anciens carnets de recettes. «Depuis mon réveil, je ne pense qu'à la liste des mets que je vais préparer pour le ftour ainsi que pour le dîner. Il y a des plats habituels qui reviennent chaque jour et de nouveaux délices que j'introduis dans la table au gré de mes envies et celles des membres de la famille ou tout simplement selon les ingrédients dont je dispose.
A vrai dire et même si la cuisine est un art et un passe-temps agréable, c'est fatiguant en ce mois où le rythme est effréné et la quantité est grande», raconte Lamiâe.

Les métiers occasionnels prospèrent
Pendant le mois du jeûne, une palette de petits métiers occasionnels fait son apparition au grand bonheur des consommateurs. Ils font partie du décor de ce mois. Des personnes de tous âges exposent leurs marchandises pour attirer les jeûneurs tentés par tout ce qu'ils voient. En effet, leur point fort est qu'ils ont la possibilité d'étaler leurs «délices» en plein air à portée de main des passants, en focalisant sur les saveurs propres à l'ambiance ramadanesque, telles que chebbakiya, baghrir (crêpes marocaines), briouates, pastilles et bien d'autres chhiouates.
Seuls les propriétaires des boulangeries et des commerces réguliers sont mécontents à cause de ces concurrents très coriaces qui leur chopent les clients.

Repères
Ustensiles
Outre les produits alimentaires, les ménages ont tendance à acheter de nouveaux ustensiles pour la cuisine pendant le mois de Ramadan.
Gâteaux traditionnels
A l'approche de l'Aïd, l'heure est aux gâteaux traditionnels. On en trouve partout au plaisir des consommateurs toujours prêts à acheter.


Par Hajjar El Haiti
Publié le : 22.08.2011 | 17h11