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Le boycott du référendum constitutionnel : Une manœuvre dolosive
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Le boycott du référendum constitutionnel : Une manœuvre dolosive
Le vendredi 1er juillet 2011, le référendum constitutionnel s’est déroulé dans un climat démocratique et le peuple marocain a exercé directement sa souveraineté et s’est déclaré, quasi unanimement, favorable à la nouvelle Constitution du Royaume. Faits marquants, un taux de participation élevé, des conditions de déroulement prospères, des éloges au niveau international et, surtout, la confirmation de la particularité marocaine en matière de transition en douceur. La pratique démocratique est ainsi respectée puisque la volonté générale a été incarnée par la voix de la majorité, issue des urnes. Rappelons que sur le nombre total des votants, 9.909.356 citoyennes et citoyens ont voté «OUI». Ce qui implique 98,50% de votes positifs. En contrepartie, le nombre des électeurs qui se sont déclarés contre le projet de Constitution équivaut à 154.067, soit 1,5% du total des suffrages exprimés. Signalons aussi que les bulletins nuls étaient de l’ordre de 91243.
Dans toute cette dynamique, il y a bien évidemment le clan des «boycotteurs». Lequel s’est empressé, juste après l’annonce des résultats, de remettre en cause leur véracité. Le clan des «boycotteurs» se constitue d’un mélange hétéroclite entre ce qui est communément appelé «Mouvement du 20 février», des partisans de la mouvance islamiste d’Al Adl Wal Ihssane, d’Annahj Addimocrati ainsi que d’autres forces de gauche.
Cette mouvance, protestataire depuis le mois de février 2011 et dont la psychologie est désormais connue, persiste dans sa stratégie de brouillage des pistes. Comme prévu, elle n’a pas tardé à mettre en exergue, sans pour autant avancer de preuves, de soi-disant pratiques frauduleuses et «un climat malsain» qui aurait entouré tout le procédé référendaire. Cette dynamique négative ouvre bien évidemment la voie aux interprétations les plus nihilistes. C’est dans cette logique qu’interviennent, à titre d’exemple, les propos avancés par M. Mohamed Sassi, Secrétaire général adjoint du Parti Socialiste Unifié (PSU), dans son article intitulé, «Adhésion renouvelée au club des démocraties des 99%», disponible sur Internet depuis le 4 juillet 2011. Et, dans lequel M. Sassi stipule que les taux très élevés de participation et de votes positifs ont surpris même les plus optimistes et que le système politique a osé renouveler l’adhésion du Maroc à ce qu’il appelle le club des «démocraties des 99%».
Ce sont là des propos des plus graves, passibles, même dans les démocraties les plus avancées, de poursuites judiciaires, puisqu’exprimer une opinion contraire est une chose, porter des accusations infondées en est une autre. Par ailleurs, du raisonnement avancé par les «20 févriéristes », un argument des plus injustifiés surgit. Lequel consiste à dire que les 26,54% des électeurs qui ont boycotté le référendum, en plus de la marge des Marocains non inscrits, constitueraient un pourcentage non négligeable de la population en mesure de voter. Cette large frange des citoyens serait, selon leurs dires, dans sa totalité opposée au projet de Constitution. Ce qui est foncièrement infondé et tendancieux et relève plutôt de la surenchère politique. C’est en tout cas une présomption inconsidérée.
Cette attitude renvoie en effet à une stratégie préméditée et soigneusement élaborée. Les partisans du «Mouvement du 20 février», se rendant compte, au cours des manifestations, de leur faible capacité mobilisatrice et de l’indifférence de la population quant à leurs revendications, avaient laissé libre cours à leurs propos nihilistes en appelant au boycott du plébiscite. Il s’agit d’une simple manœuvre dolosive. Car, toute participation de leur part aurait, certes, amoindri, en quelque sorte, le score des 98,50% des «OUI». Mais pas pour autant. Le poids réel du Mouvement aurait alors directement surgi des urnes et la légitimité populaire dont il ne cesse de se proclamer aurait été battue en brèche.
Il s’agit là d’un des scénarios les plus funestes pour ce clan qui s’obstine à poursuivre ses sorties protestataires hebdomadaires dans toutes les régions du Royaume. Par voie de conséquence, la stratégie du «Mouvement du 20 février» consiste à rejeter le principe même du référendum constitutionnel en vue de légitimer, par la suite, ses accusations selon lesquelles le suffrage est caractérisé par des fraudes massives. C’est, semble-t-il, une condition sine qua non de sa visibilité. Il convient également de relativiser la portée du concept de «stratégie» usité dans cette contribution. En effet, les acteurs impliqués dans cette mouvance protestataire forment en réalité une nébuleuse inaudible sur le plan discursif, en raison notamment de sa composition disparate. Car, comment expliquer que les islamistes radicaux, dont le modus operandi repose en général sur la stigmatisation de l’occident, aient accepté un modus vivendi avec un mouvement aux antipodes de leur matrice idéologique, et dont les revendications revêtent une dimension strictement nationale, à l’exclusion de tout référent transnational ?
Nous pensons que la réponse gît dans la posture désormais poussive de l’islamisme radical dans le monde. Certains mouvements sociaux ont réalisé en quelques mois, notamment en Egypte et en Tunisie, ce que l’extrémisme religieux n’a pas réussi à faire en une quarantaine d’années. D’où la tactique des islamistes radicaux marocains de noyauter le «Mouvement du 20 février» afin d’éviter leur autarcie.
Parler de pratiques frauduleuses lors du référendum du 1er juillet 2011 est donc un leurre. L’Etat n’avait pas à recourir à des méthodes peu orthodoxes pour faire adopter le projet. En premier lieu, parce que ce même Etat s’est engagé, depuis des années, dans un long processus de réformes socioéconomiques et politiques, en totale rupture avec les pratiques du passé. En second, il est lié par des engagements solides, impliquant des obligations de résultat, vis-à-vis de partenaires de poids dont l’Union européenne et les Etats-Unis, entre autres. Ces derniers assurent, dans le cadre de ce partenariat, via des mécanismes de contrôle et de suivi, une présence effective et seraient en mesure de déceler facilement tout dérapage. Ce qui mettrait automatiquement en danger la dynamique partenariale bilatérale enclenchée. Contrairement à cela, l’UE, à travers l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), a octroyé au Royaume, à la fin du mois de juin de l’année 2011, le statut de partenaire pour la démocratie. Statut jamais offert à un pays arabe ou africain. Ce qui est un signe révélateur.
Mieux encore, le texte de la nouvelle Constitution, de par ses apports, se défend par lui-même. C’est une Charte avancée par rapport au texte précédent. Et, même pour un citoyen lambda, une simple lecture du document confirmerait ce constat. Des droits fondamentaux, à la séparation des pouvoirs, en passant par les mécanismes de bonne gouvernance, le Maroc a accompli, constitutionnellement parlant, un pas important qui le hisse au rang des pays démocratiques. Car, sa comparaison avec le reste des pays de la région n’est désormais plus à l’ordre du jour.
* Le Centre d’Etudes Internationales (CEI) est un groupe de réflexion et d’analyse basé à Rabat. Acteur actif du débat sur l’intégration maghrébine, le CEI s’intéresse également aux nouvelles problématiques liées à la sécurité internationale, notamment l’immigration, le terrorisme et la fragmentation étatique. En l’an 2010, le CEI a publié, auprès des éditions Karthala, un ouvrage collectif intitulé : «Une décennie de réformes au Maroc (1999-2009)». En janvier 2011, le CEI a rendu public, auprès du même éditeur, un second ouvrage titré, «Maroc-Algérie : Analyses croisées d’un voisinage hostile» et y publiera, au mois de septembre de l’année 2011, un troisième ouvrage libellé, «Le différend saharien devant l’Organisation des Nations Unies».
20/7/2011
Par Nabil LAMRANI
Analyste au Centre d’Etudes Internationales
Dans toute cette dynamique, il y a bien évidemment le clan des «boycotteurs». Lequel s’est empressé, juste après l’annonce des résultats, de remettre en cause leur véracité. Le clan des «boycotteurs» se constitue d’un mélange hétéroclite entre ce qui est communément appelé «Mouvement du 20 février», des partisans de la mouvance islamiste d’Al Adl Wal Ihssane, d’Annahj Addimocrati ainsi que d’autres forces de gauche.
Cette mouvance, protestataire depuis le mois de février 2011 et dont la psychologie est désormais connue, persiste dans sa stratégie de brouillage des pistes. Comme prévu, elle n’a pas tardé à mettre en exergue, sans pour autant avancer de preuves, de soi-disant pratiques frauduleuses et «un climat malsain» qui aurait entouré tout le procédé référendaire. Cette dynamique négative ouvre bien évidemment la voie aux interprétations les plus nihilistes. C’est dans cette logique qu’interviennent, à titre d’exemple, les propos avancés par M. Mohamed Sassi, Secrétaire général adjoint du Parti Socialiste Unifié (PSU), dans son article intitulé, «Adhésion renouvelée au club des démocraties des 99%», disponible sur Internet depuis le 4 juillet 2011. Et, dans lequel M. Sassi stipule que les taux très élevés de participation et de votes positifs ont surpris même les plus optimistes et que le système politique a osé renouveler l’adhésion du Maroc à ce qu’il appelle le club des «démocraties des 99%».
Ce sont là des propos des plus graves, passibles, même dans les démocraties les plus avancées, de poursuites judiciaires, puisqu’exprimer une opinion contraire est une chose, porter des accusations infondées en est une autre. Par ailleurs, du raisonnement avancé par les «20 févriéristes », un argument des plus injustifiés surgit. Lequel consiste à dire que les 26,54% des électeurs qui ont boycotté le référendum, en plus de la marge des Marocains non inscrits, constitueraient un pourcentage non négligeable de la population en mesure de voter. Cette large frange des citoyens serait, selon leurs dires, dans sa totalité opposée au projet de Constitution. Ce qui est foncièrement infondé et tendancieux et relève plutôt de la surenchère politique. C’est en tout cas une présomption inconsidérée.
Cette attitude renvoie en effet à une stratégie préméditée et soigneusement élaborée. Les partisans du «Mouvement du 20 février», se rendant compte, au cours des manifestations, de leur faible capacité mobilisatrice et de l’indifférence de la population quant à leurs revendications, avaient laissé libre cours à leurs propos nihilistes en appelant au boycott du plébiscite. Il s’agit d’une simple manœuvre dolosive. Car, toute participation de leur part aurait, certes, amoindri, en quelque sorte, le score des 98,50% des «OUI». Mais pas pour autant. Le poids réel du Mouvement aurait alors directement surgi des urnes et la légitimité populaire dont il ne cesse de se proclamer aurait été battue en brèche.
Il s’agit là d’un des scénarios les plus funestes pour ce clan qui s’obstine à poursuivre ses sorties protestataires hebdomadaires dans toutes les régions du Royaume. Par voie de conséquence, la stratégie du «Mouvement du 20 février» consiste à rejeter le principe même du référendum constitutionnel en vue de légitimer, par la suite, ses accusations selon lesquelles le suffrage est caractérisé par des fraudes massives. C’est, semble-t-il, une condition sine qua non de sa visibilité. Il convient également de relativiser la portée du concept de «stratégie» usité dans cette contribution. En effet, les acteurs impliqués dans cette mouvance protestataire forment en réalité une nébuleuse inaudible sur le plan discursif, en raison notamment de sa composition disparate. Car, comment expliquer que les islamistes radicaux, dont le modus operandi repose en général sur la stigmatisation de l’occident, aient accepté un modus vivendi avec un mouvement aux antipodes de leur matrice idéologique, et dont les revendications revêtent une dimension strictement nationale, à l’exclusion de tout référent transnational ?
Nous pensons que la réponse gît dans la posture désormais poussive de l’islamisme radical dans le monde. Certains mouvements sociaux ont réalisé en quelques mois, notamment en Egypte et en Tunisie, ce que l’extrémisme religieux n’a pas réussi à faire en une quarantaine d’années. D’où la tactique des islamistes radicaux marocains de noyauter le «Mouvement du 20 février» afin d’éviter leur autarcie.
Parler de pratiques frauduleuses lors du référendum du 1er juillet 2011 est donc un leurre. L’Etat n’avait pas à recourir à des méthodes peu orthodoxes pour faire adopter le projet. En premier lieu, parce que ce même Etat s’est engagé, depuis des années, dans un long processus de réformes socioéconomiques et politiques, en totale rupture avec les pratiques du passé. En second, il est lié par des engagements solides, impliquant des obligations de résultat, vis-à-vis de partenaires de poids dont l’Union européenne et les Etats-Unis, entre autres. Ces derniers assurent, dans le cadre de ce partenariat, via des mécanismes de contrôle et de suivi, une présence effective et seraient en mesure de déceler facilement tout dérapage. Ce qui mettrait automatiquement en danger la dynamique partenariale bilatérale enclenchée. Contrairement à cela, l’UE, à travers l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), a octroyé au Royaume, à la fin du mois de juin de l’année 2011, le statut de partenaire pour la démocratie. Statut jamais offert à un pays arabe ou africain. Ce qui est un signe révélateur.
Mieux encore, le texte de la nouvelle Constitution, de par ses apports, se défend par lui-même. C’est une Charte avancée par rapport au texte précédent. Et, même pour un citoyen lambda, une simple lecture du document confirmerait ce constat. Des droits fondamentaux, à la séparation des pouvoirs, en passant par les mécanismes de bonne gouvernance, le Maroc a accompli, constitutionnellement parlant, un pas important qui le hisse au rang des pays démocratiques. Car, sa comparaison avec le reste des pays de la région n’est désormais plus à l’ordre du jour.
* Le Centre d’Etudes Internationales (CEI) est un groupe de réflexion et d’analyse basé à Rabat. Acteur actif du débat sur l’intégration maghrébine, le CEI s’intéresse également aux nouvelles problématiques liées à la sécurité internationale, notamment l’immigration, le terrorisme et la fragmentation étatique. En l’an 2010, le CEI a publié, auprès des éditions Karthala, un ouvrage collectif intitulé : «Une décennie de réformes au Maroc (1999-2009)». En janvier 2011, le CEI a rendu public, auprès du même éditeur, un second ouvrage titré, «Maroc-Algérie : Analyses croisées d’un voisinage hostile» et y publiera, au mois de septembre de l’année 2011, un troisième ouvrage libellé, «Le différend saharien devant l’Organisation des Nations Unies».
20/7/2011
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