La compensation creuse le déficit budgétaire

Malgré la baisse des dépenses d'équipement et le redressement des recettes fiscales, le déficit budgétaire continue de se détériorer. Pesant de tout son poids, la hausse des dépenses de compensation a creusé le déficit budgétaire hors recettes de privatisation. A fin mai denier, celui-ci s'est chiffré à 17,8 MMDH, comparativement à celui enregistré un mois plus tôt.


Les dépenses globales, qui ont marqué un accroissement de 4% à 106,4 MMDH, sont tirées principalement par la hausse des charges de compensation passant de 11,2 MMDH à afin mai 2010 à 20,7 MMDH à fin mai 2011. En revanche, les dépenses de fonctionnement, chiffrées à 49,1 MMDH, ont diminué de 6,1%, reflétant un recul de 26,9% des charges au titre des autres biens et services à 14,9 MMDH, la masse salariale s'étant accrue de 7,2% pour atteindre 34,2 MMDH. Le stock des arriérés de paiement s'est élevé à 17,4 MMDH à fin mai au lieu de 15,5 MMDH à fin avril 2011 et de 10,5 MMDH à fin mai 2010. Compte tenu de la constitution d'arriérés pour un montant de 2 MMDH et du solde positif des comptes spéciaux du Trésor de 6 MMDH, le déficit de caisse s'est ainsi établi à 15,8 MMDH.

Conséquences : le déficit ordinaire s'est établi à 4,6 MMDH, contre un déficit de 1,9 MMDH à la même date de l'année précédente. Concernant les dépenses d'équipement, elles ont porté sur un montant de 19,2 MMDH, en baisse de 16%. Selon la banque centrale, le financement de ce déficit a été assuré principalement par des ressources intérieures exclusivement non monétaires. Celui-ci a connu une baisse en liaison avec l'amélioration de la position nette du Trésor vis-à-vis de Bank Al-Maghrib de 4,9 MMDH et du recul de ses engagements envers les autres institutions de dépôt de 1,5 MMDH. Le reste du besoin du Trésor a été financé par un flux extérieur net positif de 1,2 MMDH ainsi que par les recettes de privatisation de l'ordre de 5,3 MMDH, générées par la cession de 20% du capital social de la Banque centrale populaire aux Banques populaires régionales. Au passage, il y a lieu de rappeler que le transfert à Delta Holding de la Société des sels de Mohammedia a rapporté la bagatelle de 655 MDH. Un montant qui sera versé concomitamment à son encaissement à égalité entre le Fonds Hassan II pour le développement économique et social et le Fonds national de soutien des Investissements. Par ailleurs, et pour faire face à l'aggravation des dépenses de la Caisse de compensation (renchérissement des matières premières) et aux différentes augmentations salariales consenties aux fonctionnaires et retraités de la fonction public, il y aurait dans le pipe une autre opération susceptible de renflouer les caisses de l'Etat.

Selon certaines sources concordantes, l'Etat s'apprêterait à céder 7 a 8% du capital de Maroc Telecom. Destinée aux investisseurs institutionnels marocains et au grand public, cette opération devrait rapporter à l'Etat un pactole de 8 à 9 MMDH. Ce transfert pourrait même intervenir incessamment, la date butoir étant prévue d'ici la fin de ce mois de juillet. En dépit des efforts déployés, les pressions sur les dépenses publiques pourraient s'intensifier, notamment sous l'effet de facteurs internes liés aux exigences d'accompagnement des réformes structurelles et des politiques sectorielles. Ces pressions pourraient également être d'origine externe en lien avec les inquiétudes qui pèsent sur l'évolution des cours internationaux du pétrole, du gaz butane et sur les cours du blé.


Publié le : 15.07.2011 | 17h31
Par Abdelali Boukhalef