Victoire incontestable du PJD

Le suspense n'a pas trop duré. C'est le Parti de la justice et du développement qui est arrivé largement en tête des élections législatives anticipées. Le ministre de l'Intérieur, Taib Cherqaoui, a annoncé samedi les résultats de 288 sièges des circonscriptions locales sur un total de 305. Le PJD a raflé 80 sièges, sans compter ceux de la liste nationale. Un résultat jamais réalisé auparavant par aucune formation politique.


Le secrétaire général du parti, Abdelilah Benkirane, a été au centre des sollicitations de la presse tant nationale qu'internationale. La question des alliances est au devant de la scène. Le chef de file estime que le parti est ouvert sur toutes les formations, hormis une seule, faisant allusion au Parti authenticité et modernité ‒ mais sans le nommer qui a obtenu 33 sièges, arrivant au quatrième rang. «Nous allons attendre en premier lieu la nomination par S.M. le Roi, après nous allons commencer les consultations avec les partis politiques».

Tout porte à croire que le PJD scellera une alliance avec les partis de la Koutla. Bien que le rapprochement entre le Parti de la lampe et les trois formations du bloc démocratique n'ait pas été officiel avant le rendez-vous électoral, les militants des deux parties se sont plusieurs fois prononcés pour cette alliance. Le vice-secrétaire général du parti, Lahcen Daoudi, qui a gardé son fauteuil parlementaire, estime que même s'il est encore tôt pour se prononcer sur les rapprochements, étant donné que le chef du gouvernement n'est pas encore nommé par S.M. le Roi et que les tractations n'ont pas encore commencé, la Koutla est un partenaire privilégié pour former le gouvernement. Le calcul est simple. Il faut au moins 200 sièges pour former une majorité. Jusque-là, le PJD et la Koutla ont 165 sièges, sans compter ceux de la liste nationale qui vont porter le total à plus de 200. C'est le PPS qui arrive en queue de peloton de la Koutla avec 11 sièges seulement. Selon M'hammed Grine, membre du conseil de la présidence du PPS, «le Parti du livre a perdu les voix de ceux qui sont mécontents du gouvernement ainsi que celles des électeurs anti-islamistes en raison du rapprochement entre le PJD et la Koutla.»

Quid du Rassemblement national des indépendants, qui est arrivé en troisième position avec 38 sièges ? Les deux partis se sont livrés à une bataille féroce lors des dernières semaines. Les deux chefs de file se sont lancé en public des accusations et des injures. En dépit de cela, le leader du PJD estime que l'alliance avec le RNI est possible «si l'intérêt du pays l'exige et si ce parti l'accepte».

Mais du côté du Parti de la colombe, Salah Eddine Mezouar pense que le RNI et les autres partis du G8 basculeront dans l'opposition, soulignant que les résultats annoncés sont une victoire pour la démocratie dans le Royaume. Selon les résultats partiels, le G8 n'est parvenu à avoir que 111 sièges. Deux formations ne sont même pas parvenues à avoir de fauteuil parlementaire, selon les résultats partiels : le Parti de la renaissance et de la vertu et le Parti socialiste. Le parti travailliste n'a réussi à obtenir que deux sièges, alors que celui de la gauche verte n'a récolté qu'un seul. En dépit de ce résultat, M. Mezouar précise que l'Alliance pour la démocratie tient toujours à ses engagements, car il ne s'agit pas d'une alliance conjoncturelle, mais d'une coalition basée sur des convictions qui ne prennent pas seulement en considération la course pour l'obtention des sièges électoraux.

Par ailleurs, le grand perdant est sans conteste le parti du Front des forces démocratiques qui a à peine obtenu un siège. Une grande déception pour le secrétaire national Thami El Khyari, qui n'a pas souhaité s'exprimer sur cette question au «Matin». Quant au Parti travailliste de Abdelkrim Benatiq, qui a fait un grand tapage médiatique, il a décroché seulement deux sièges.

Ambiance saine
Le ministre de l'Intérieur Taib Cherkaoui a exprimé sa grande satisfaction du déroulement de l'opération électorale, rappelant les efforts déployés tant par le gouvernement que par les partis politiques afin de réussir cette étape cruciale après l'adoption de la nouvelle Constitution. Il a signalé que l'arsenal juridique mis en place comprenant 26 textes législatifs permettait d'atteindre plusieurs objectifs, dont le renouvellement de l'élite, l'encouragement de la représentation des femmes et des jeunes, la garantie de la transparence, grâce notamment au processus de l'observation…
Il a indiqué que l'opération de vote s'est déroulée dans une ambiance saine et normale. Le gouvernement a pris, selon lui, toutes les dispositions pour la moralisation des élections, notamment la gestion des plaintes. Jusqu'au 25 novembre, le nombre des plaintes a atteint 489, dont 302 ont été publiées dans des articles de presse.




Repères
Résultats provisoires
Les résultats annoncés par le ministre de l'Intérieur portent sur 288 des 305 sièges pour le compte des circonscriptions locales :
Parti de la justice et du développement : 80 sièges.
Parti de l'Istiqlal : 45 sièges.
Rassemblement national des indépendants : 38 sièges.
Parti authenticité et modernité : 33 sièges.
Union socialiste des forces populaires : 29 sièges.
Mouvement populaire : 22 sièges.
Union constitutionnelle : 15 sièges.
Parti du progrès et du socialisme : 11 sièges.
Parti travailliste : 2 sièges.
Parti du renouveau et de l'équité : 2 sièges.
Mouvement démocratique et social : 2 sièges.
Parti de l'environnement et du développement durable : 2 sièges.
Parti Al Ahd Addimocrati : 2 sièges.
Front des forces démocratiques : 1 siège.
Parti de l'Action : 1 siège.
Parti unité et démocratie : 1 siège.
Parti de la Liberté et de la justice sociale : 1 siège.
Parti de la gauche verte : 1 siège


Par Jihane GATTIOUI
Publié le : 26.11.2011 | 18h09