Céréales: Gel des droits de douane à l’import

-A partir du 1er octobre pour le blé dur
-Et dès le 15 novembre pour le blé tendre


COMME nous l’annoncions dans notre édition du 12 septembre, le risque de rupture de l’approvisionnement doit pointer à partir du mois de novembre. En adoptant hier un décret portant suspension des droits d’importation, le Conseil de gouvernement confirme cette prévision. Ce gel court à partir du 1er octobre pour le blé dur et dès le 15 novembre prochain pour le blé tendre. C’est que pour cette dernière denrée, il y a urgence.
Le marché qui porte sur 6 à 7 millions de quintaux n’en dispose que d’un peu plus de 1 million. L’Office national interprofessionnel des céréales et légumineuses (Onicl) avait lancé le 26 août dernier un avis d’appel d’offres pour l’importation de 300.000 tonnes de blé américain dans le cadre du contingent. Mais il s’est révélé infructueux en dépit du niveau du droit tarifaire préférentiel: 37,5% contre 80% pour le droit commun. En cause, le prix de revient à l’importation estimé à 530 DH/quintal. Ceci, même dans le cas du contingent d’un différentiel de plus de 50% par rapport au droit commun.
Actuellement, la tonne du blé dur se négocie à 660 dollars contre 300 à la même période de 2010. «Ce qui induit, selon le ministre de l’Economie et des Finances, un prix de revient à l’importation de l’ordre de 552 DH/ql, largement supérieur au prix d’équilibre de 320 DH/ql». D’où la suspension immédiate du droit d’importation frappant cette céréale. Décision dont se félicitent les professionnels. En revanche, tempèrent-ils, «il aurait été souhaitable de rapprocher le gel des droits d’importation pour le blé tendre d’au moins un mois». Car, au-delà du 15 octobre, nombreux sont les minotiers qui seront obligés de ralentir la cadence des écrasements, voire décréter l’arrêt pur et simple de leurs unités. Cela est surtout valable pour les opérateurs qui ont investi dans la farine de qualité. Laquelle se base sur le mélange des blés d’importation et d’origine locale.
Selon les données de l’Onicl, le disponible en blé tendre s’élève au 22 septembre à 18,8 millions de quintaux dont il faut déduire 3 mois de stock de sécurité: 10,5 millions de quintaux. Autrement dit, il resterait l’équivalent d’un peu plus de 2 mois d’écrasement des minoteries industrielles. Les besoins mensuels étant de 3,5 millions de quintaux. Mais dans quel profil qualitatif? C’est la grande question qui taraude les professionnels. La production de cette année se caractérise, en effet, par un taux de germination assez élevé et une baisse du poids spécifique des grains. Dans certaines régions à vocation céréalière, le taux de germination varie entre 25 et 30% selon les minotiers. D’ailleurs, la circulaire autorisant pour la première fois l’utilisation du blé tendre dans l’alimentation du bétail renseigne sur la qualité du blé. «Certes, certains producteurs détiennent encore des récoltes mais ils mettent la barre assez haut», révèle un opérateur.

A. G.
Édition N° 3629 du 2011/10/04