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10 millions de Marocains en surpoids, 3,6 millions déjà obèses

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10 millions de Marocains en surpoids, 3,6 millions déjà obèses Empty 10 millions de Marocains en surpoids, 3,6 millions déjà obèses

Message par Admin Jeu 18 Aoû - 12:18

Sédentarité, amélioration du niveau de vie, mauvaise hygiène alimentaire en sont le causes. La prévalence du surpoids et de l’obésité est plus importante chez les femmes et affecte plus les 35-59 ans que les autres catégories de la population.

10 millions de Marocains en surpoids, 3,6 millions déjà obèses Obases10

Naguère signe ostentatoire d’opulence et de bien-être, l’obésité n’est plus exclusivement l’apanage aujourd’hui des riches, aux revenus substantiels. Sédentarisation et nouvelles habitudes alimentaires obligent, l’excès de poids chez les Marocains n’épargne désormais aucune classe sociale. Est-ce en raison d’un taux d’activité moindre ? De facteurs culturels ? Les femmes sont en tout cas plus touchées que les hommes par le phénomène. Selon les chiffres révélés par «Les cahiers» du Haut commissariat au plan (HCP), et concernant la population adulte de 20 ans et plus, 33,7% d’entre elles sont affectée par le surpoids (pré-obésité) et 17,5% présentent carrément une obésité sévère morbide (voir définitions en page...), sachant que les chiffres de prévalence pour les hommes sont respectivement de 28,7% pour le surpoids et de 5,6% pour l’obésité sévère et morbide.
De manière générale, la prévalence du surpoids chez les Marocains (adultes de 20 ans et plus) a sensiblement progressé entre 2001 et 2007 pour afficher un record de 31,1% alors qu’auparavant 27% en étaient affectés. Constat similaire et plutôt grave pour l’obésité sévère et morbide dont le taux de prévalence est passé de 10,7% à 11,3%.
Les raisons de cet «empattement» des Marocains ? Elles sont multiples. On y trouve d’abord l’amélioration du niveau de vie de nos concitoyens, avec un panier alimentaire nettement plus riche en calories qu’auparavant. A cela se combine le mode de vie de la population qui tend vers la sédentarisation. Là où l’on marchait, on prend aujourd’hui la voiture, le bus ou le taxi.
De même, sur le plan du travail, le niveau de pénibilité de tâches est moins élevé qu’auparavant. En milieu urbain, les services ont pris de l’ampleur au détriment de l’industrie, ce qui favorise un travail de bureau, plutôt qu’une activité manuelle plus gourmande en énergie. Dans la même optique, en milieu rural, la mécanisation et la proximité de biens autrefois éloignés (eau) favorise un moindre recours à la mobilité. Enfin, il faut également signaler un recours plus important au fast food, toutes catégories de Marocains confondus, ce qui se traduit par une consommation accrue de produits gras.
Dans ce contexte, les femmes restent plus «enveloppées» que les hommes pour diverses raisons. D’abord un taux d’activité moindre, qui fait, de manière quasi mécanique, des personnes de sexe féminin au chômage des femmes au foyer, donc plus susceptibles de prendre du poids, ensuite, le facteur culturel qui impose encore souvent à la femme d’avoir des rondeurs. En effet, même si la tradition est aujourd’hui balayée par les canons de la mode, la femme marocaine en surpoids est plus appréciée que celle qui est maigre. Dans certaines régions du Maroc, et particulièrement le Sud, le poids de la femme est même vu comme un avantage concurrentiel augmentant ses chances de trouver un mari.

L’obésité, qu’on le veuille ou pas, devient le trait dominant de la société de consommation actuelle

Ces canons de beauté ont certes changé chez la population BCBG, et les inconditionnels des tours de taille 38 (pour les femmes) et 44 (pour les hommes) deviennent légion. Sauf que l’obésité, qu’on le veuille ou pas, devient le trait dominant de la société de consommation actuelle.
On est loin de la malnutrition qui ne produit que des maigrichons faibles physiquement et à la merci de toutes sortes de maladies (dénutrition, tuberculose…). A preuve, le nombre de Marocains «maigres» atteint à peine 3% de la population. A l’époque actuelle, c’est l’effet contraire : un surpoids démesuré, et son corollaire, des dysfonctionnements physiques et mentaux non moins pernicieux et coûteux pour la société que la maigreur maladive.
Les chiffres sont là, inquiétants pour la santé des millions de personnes à travers le monde : si quelques-unes parmi ces dernières souffrent encore de famine, ou du moins ne mangent pas à satiété, d’autres se remplissent aveuglément la panse et souffrent dans leur corps d’une kyrielle de maux.
Le monde comptait un milliard de personnes obèses en 2010, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Et à ce chiffre s’ajoutera un demi milliard d’ici 2015, à croire une étude réalisée par des scientifiques britanniques de l'Université de Liverpool.
Inquiétante est la tendance ; au cours des deux dernières décennies, la prévalence de l’obésité dans la population mondiale a triplé, et si aucune mesure n’est prise, estime l’OMS, l’Europe compterait 150 millions d’adultes (20% de la population) et 15 millions d’enfants et d’adolescents (10% de la population) en état d’obésité. Une personnes sur dix en France est obèse.
Dans ce panorama général, le Maroc ne tire pas son épingle du jeu. Comme le dit avec ironie cet observateur : «L'obésité est l'une des expressions locales les plus criantes et les plus désastreuses de l'idéologie consumériste». Les données de l’enquête sur les niveaux de vie des ménages 2006-2007, derniers chiffres disponibles en la matière (Les cahiers du Plan, N°35, mai 2011) sont édifiants : la prévalence du surpoids passe entre 2001 et 2007 de 27% à 31,1% pour l’ensemble de la population, de 29,2% à 33,3% pour le milieu urbain et de 24,1% à 28,1% pour le milieu rural. L’obésité parmi les adultes âgés de 20 ans et plus est estimée à près de 11,3%, avec 8,9% qui sont dans un stade d’obésité sévère et près de 2,4% souffrent d’obésité morbide. Mais, plus grave, le nombre de personnes dans cette même catégorie d’âge qui présentent les signes de préobésité (état nutritionnel qui précède l’obésité sévère et morbide) n’est pas insignifiant : il est estimé à 31,1% de cette tranche de la population.

Corrélation étroite entre obésité et morbidité déclarée : elle affecte 15,9% des personnes souffrant de surpoids

Quel que soit le milieu de résidence, note l’enquête, ce sont les femmes qui enregistrent en effet les taux de prévalence les plus élevés. En milieu rural, la population féminine affectée par l’obésité représente 18,6%, et par la préobésité 34,1%. En milieu rural, la prévalence de ces deux formes de malnutrition (obésité et préobésité) parmi les femmes est de 15,9% et de 33,2% respectivement. Les hommes sont relativement épargnés : 5,8% en milieu urbain contre 5,3% en milieu urbain. Sauf que la préobésité commence à prendre de l’ampleur : 32,6% dans le milieu urbain contre 23,7% dans le milieu rural (voir tableau).
L’étude du HCP est fine à plus d’un titre : elle dit par exemple, chiffres à l’appui, que l’incidence du surpoids augmente à mesure que le niveau des études de la population s’améliore, que l’obésité affecte plus les ménages disposant d’un niveau de vie meilleur que les ménages défavorisés. Ainsi, par exemple, seuls 29,7% des personnes sans niveau scolaire sont affectées par le surpoids alors qu’elles sont 38,8% à l’être parmi celles qui ont fait des études supérieures.
Autre constat, c’est surtout parmi les personnes de la tranche 35-59 ans que l’obésité est la plus fréquente. Elles sont 36,9% à être en surpoids (contre une moyenne globale de 31,1%) alors que ce taux n’est que de 23,6% chez les 20-34 ans et de 33,4% chez les 60 ans et plus. Même tendance pour l’obésité sévère et morbide, les 35-59 ans étant 15,7% à être affectés par ce fléau, contre une moyenne nationale de 11,3%. Cette relation entre âge et surpoids ou obésité trouve son explication dans la sédentarisation (on bouge plus quand on est jeune) mais pas seulement. Les plus de 60 ans sont moins affectés que les 35-59 ans, en raison du vieillissement, qui fait que l’on se nourrit moins au fur et à mesure que l’on s’avance dans l’âge.
Enfin, dernier constat, c’est dans les régions de Rabat et dans le Sud que le surpoids est le plus prégnant avec des taux respectifs de 40% et 36,3%, alors que les régions enregistrant les taux d’obésité les plus forts sont le Souss et Meknès avec respectivement 14,2% et 13,6%.
Sur un autre plan, l’enquête du HCP démontre qu’il existe enfin une corrélation étroite entre obésité et morbidité déclarée. «Les individus se trouvant dans une situation de surpoids enregistrent un taux de morbidité de 15,9% contre 15% pour ceux en situation d’insuffisance pondérale», note l’enquête nationale sur le niveau de vie des ménages du HCP de 2006-2007.
Les maladies dues à l’obésité font de cette dernière un véritable problème de santé publique au Maroc : problème esthétique, hypertension artérielle «avec toutes ses conséquences vasculaires sur le cerveau, le cœur et les reins», note le Dr Karim Ouali, médecin nutritionniste et phytothérapeute spécialisé. Et d’ajouter que l’obésité est source d’autres maladies encore : «Le diabète gras avec ses multiples complications tels que les accidents vasculaires cérébraux, l’infarctus du myocarde, les atteintes rénales et rétiniennes ; sans oublier l'insuffisance veineuse qui aboutit aux jambes lourdes et aux varices». Et la liste est longue : le syndrome d'apnée du sommeil qui cause un ronflement, les troubles de cholestérol (dyslipidémies), les complications mécaniques à type d’arthrose sur les articulations porteuses telles que les dernières vertèbres, les hanches, les genoux et les pieds…
«Devant toutes ces maladies chroniques et coûteuses en matière de prise en charge, ne serait-il pas plus judicieux et surtout plus économique de privilégier la voie de la prévention et l’éducation», s’interroge le médecin nutritionniste ?

Questions à : Aboubakr Harakat, Thérapeute de couples : «L’hérédité joue un rôle important : les enfants dont les parents sont obèses ont 70% de chance de le devenir eux-mêmes»
«L’hérédité joue un rôle important : les enfants dont les parents sont obèses ont 70% de chance de le devenir eux-mêmes»


La Vie éco : Les Marocains sont de plus en plus «enveloppés». Bonne ou mauvaise nouvelle ?

Dr Karim Ouali : Le Maroc n’échappe pas à la tendance mondiale d’augmentation de la prévalence d’obésité. Selon les derniers chiffres du HCP, la prévalence du surpoids est de 31,1% tandis que celle de l’obésité est estimée à 11,3%, répartie à 12,1% pour l'obésité et 33% pour le surpoids chez les urbains, contre respectivement 10% et 28% chez les ruraux. Comparé au chiffre publié par l’«Enquête nationale sur les facteurs de risque des maladies cardiovasculaires» DELM (ministère de la santé-2000) ou par l’enquête du Haut commissariat au plan de 2001, on ne peut que constater que le phénomène de l'obésité s'est réellement développé au Maroc. C’est certes un bon indicateur de l’amélioration du niveau de vie de la population, mais ça représente un véritable problème de santé publique, avec son lot considérable de conséquences néfastes pour la santé, telles que les maladies du cœur, l’hypertension artérielle et le diabète.

Quelles sont les causes de l'obésité ? Hérédité ? Alimentation ? Mode de vie ?

Quand on est en surpoids, l’obésité se définit comme étant un excès de masse grasse stocké dans les cellules du tissu adipeux qui résulte d’un déséquilibre entre les apports et les dépenses énergétiques. Plusieurs causes sont incriminées dans cet état de déséquilibre, dont les plus importantes restent l’hérédité puisque l'Association pour l'étude de l'obésité (ASO), basée au Royaume-Uni, a récemment constaté que les enfants dont les deux parents sont obèses ont 70% de chance de le devenir eux-mêmes, tandis que pour les parents minces, il n’y aurait que 20% d’enfants à souffrir de surpoids. Il y a ensuite les mauvaises habitudes alimentaires qui se matérialisent soit dans l'excès d'apport (quantitatif) ou le déséquilibre dans l’apport (qualitatif : excès de graisses et de glucides rapides), et les troubles du comportement alimentaire, telle que la déstructuration des rythmes des repas, surtout que nos modes de vie ont changé au Maroc avec la diminution de femmes aux foyers et l’adoption de plus en plus de l’horaire continu dans le travail qui favorise la restauration rapide (fast food). Mais il y a aussi le stress, la sédentarité et le manque d’exercices physiques, ainsi que certains problèmes endocriniens.

Existe-t-il des remèdes efficaces au surpoids ?

Il n’y a pas de miracle. L’adoption d’une bonne hygiène alimentaire combinée à la pratique régulière de l’exercice physique reste le meilleur remède contre l’obésité. Cela commence par diminuer la consommation des sucres d'absorption rapide (sucre raffiné, confiture, sodas, etc.), diminuer aussi la consommation des graisses d'origine animale (viandes grasses, beurre, certaines sauces à base de ce type de graisse, sans oublier les produits laitiers les plus gras), et plutôt privilégier les viandes maigres et les poissons, le pain complet et prendre cinq fruits et légumes par jour. Il faut également penser à opérer un changement des habitudes quotidiennes comme prendre l'escalier plutôt que l'ascenseur, marcher plutôt que prendre le taxi, déposer sa voiture à 10 min de son travail pour s’imposer une activité physique sans en avoir l’air, et puis faire 60 min d’exercice physique trois fois par semaine.

La chirurgie plastique est-elle une solution ?

Il y a deux approches : la première consiste en la pause d’un anneau gastrique, technique nécessitant un certain nombre de critères dont le plus important est l'obésité massive. Il faut donc avoir au moins 45 kg à perdre, ou bien le double de son poids de forme. Mais il ne faut penser à cet acte chirurgical qu'après avoir tenté pendant au moins un an une prise en charge diététique dans des conditions sérieuses ayant fait la preuve de leur échec. La seconde approche est la chirurgie plastique, qui reste pour moi une solution qui ne règle que le problème esthétique de l’obésité puisque ça ne prend pas en charge le volet éducationnel, lequel reste le seul garant de ne pas retrouver ces mauvaises habitudes alimentaires. Néanmoins, dans les cas d’obésité massive, une prise en charge pluridisciplinaire s’impose en réunissant les avis de trois spécialistes : le chirurgien, le nutritionniste et le psychologue.

Définitions : Surpoids, obésité sévère et obésité morbide, comment les mesurer ?

Lorsqu’il y a un excès qui dépasse 20% par rapport au poids idéal, il y a obésité. On l’exprime actuellement par ce qu’on appelle l’indice de masse corporelle. Le poids d’une personne doit être mis en relation avec sa taille :
- lorsque le chiffre «poids sur la taille au carré» est supérieur à 25, il y a surpoids.
- le poids est normal lorsque ce chiffre est situé entre 19 et 25.
- lorsqu’il est supérieur à 30, il y a obésité (exemple, poids : 70 kg / (taille : 1,5m) 2 = 31,1).
- lorsqu’il est supérieur à 40, on parle d’obésité morbide qui entraîne des complications métaboliques et vasculaires graves.
- l’obésité la plus grave est celle située à la partie supérieure du tronc (au-dessus de la ceinture). On parle alors d’obésité abdominale ou viscérale. C’est elle qui entraîne des complications pour le cœur et les poumons. Partant de cette définition, la prévalence de l’obésité chez les femmes à l’échelle nationale est passée de 14,6% en 1985 à 27,5% en 2007, contre une prévalence respectivement de 2,3% et 5,6% parmi les hommes. Elle est passée dans le milieu urbain, parmi les femmes, de 19,7% à 28,5% de 1985 à 2007, et parmi les hommes de 2,9% à 5,8%. Quant au milieu rural, la proportion des femmes obèses, durant la même période, est passée de 10,3% à 26%, et de 1,9 à 5% pour les hommes.
Par milieu de résidence, note l’enquête du HCP, la prévalence de l’obésité (sévère et morbide) est de 14,1% et la préobésité est de 33,3% parmi les urbains contre 10,2% et 28,1% respectivement dans les zones rurales. Par sexe, les femmes âgées de 20 ans et plus sont obèses à raison de 17,5% et courent un grand risque d’obésité dans 33,7% des cas. Au niveau des hommes, ces proportions, qui sont relativement réduites, sont estimées respectivement à 5,6% et à 28,7%.

Jaouad Mdidech
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