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Les frais que vous prélève chaque banque selon votre profil
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Les frais que vous prélève chaque banque selon votre profil
Les tarifs des banques sont de plus en plus homogènes pour les services courants. Mais pour nombre d’autres opérations, l’écart de tarification peut être important entre les différents établissements.
Une véritable poule aux œufs d’or. Les services rendus à la clientèle ont généré plus de 7 milliards de DH de commissions pour les banques commerciales de la place en 2010. C’est le triple de ce que rapportaient ces prestations il y a 5 ans. Cette croissance est naturellement imputable au développement de l’équipement des ménages en produits financiers, mais pas seulement. Elle est également la conséquence d’un effort des banques pour accroître les profits tirés des commissions. En effet, dans un contexte de forte concurrence sur les taux d’intérêt des crédits, prédominant depuis quelques années, la marge d’intermédiation des banques s’effrite progressivement. De fait, pour assurer une croissance organique pérenne, ces établissements jettent leur dévolu sur les activités génératrices de commissions. Dans ce sillage, et les clients l’auront sûrement remarqué, les tarifications des services bancaires se sont globalement orientées à la hausse ces dernières années.
Certes, pour l’heure, on n’en est pas encore à un point où la survie des banques serait conditionnée par les profits des commissions, étant donné que la marge sur intérêt continue de peser plus de 80% du produit net bancaire des banques, mais, au rythme où vont les choses, on pourrait bien y parvenir. En effet, depuis 2002, la marge sur commission a vu sa part dans le PNB doubler.
L’accès aux tarifs toujours difficile chez certaines banques
C’est dire l’attention que doivent porter les clients au coût des services rendus par leurs banques, l’importance de cette charge devenant même de plus en plus un critère de choix entre les établissements, plus déterminant que les taux d’intérêt offerts. Comment dénicher dès lors l’offre la plus avantageuse ? La démarche pose des difficultés d’abord au niveau de la collecte des données pour établir un comparatif. Bank Al-Maghrib a beau exhorté les banques à jouer la transparence totale sur leurs tarifs, certains réflexes ont la peau dure. En effet, pour la préparation de ce dossier, certaines banques sollicitées ont rechigné à nous transmettre leurs grilles tarifaires, arguant d’«une mise à jour en cours», ceci alors que de l’aveu de ces mêmes banques les révisions apportées d’une année à l’autre ne sont généralement pas significatives.
Ensuite, une fois l’information collectée, se pose un problème pour la décortiquer.
Les modes de présentation et de classement des commissions ainsi que le mode de calcul de certains services varient sensiblement d’une banque à l’autre, ce qui complique la comparaison, tantôt la commission est forfaitaire, tantôt c’est un pourcentage du montant en jeu, tantôt c’est un compromis entre les deux, avec un minimum et un maximum. Dans d’autres cas encore, le tarif varie en fonction d’un certain nombre de critères (solde, nombre d’opérations enregistrées durant la période de facturation…).
En outre, à voir les tarifs de certaines opérations on pourrait penser de prime abord que les prix pratiqués par toutes les banques de la place sont assez homogènes, ce qui réduit l’intérêt d’une comparaison. C’est d’ailleurs un argument souvent évoqué par les professionnels pour dissuader ce genre d’exercice.
Il est vrai que les banques adoptent un ensemble de tarifs de manière concertée au sein du Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM), s’agissant spécifiquement d’opérations courantes, comme nous l’ont confirmé plusieurs sources. Cela fait par exemple que les commissions prélevées au titre des virements interbancaires sont relativement assez proches au niveau de toute la place (15 DH chez Crédit Agricole du Maroc et BMCI et enfin 20 DH chez Société Générale, CIH, Crédit du Maroc, Banque Populaire). Il n’empêche que pour d’autres opérations auxquelles on prête moins attention habituellement, mais qui peuvent tout autant gonfler le coût des frais bancaires, l’écart de tarification peut être conséquent entre les différents établissements.
Echelle d’intérêts gratuite chez des banques, facturée à 100 DH chez d’autres !
Ainsi, si le retrait par chèque guichet pour les détenteurs de carnets de chèques ne donne lieu à aucun prélèvement de commission au Crédit Agricole, il est facturé 50 DH par la Banque Populaire. Autre exemple, la délivrance de tableaux d’échelles d’intérêt (nécessaire notamment pour bénéficier de la déductibilité des intérêts dans le cadre d’un prêt immobilier) est gratuite chez BMCI alors qu’elle est facturée à 100 DH par trimestre chez Attijariwafa bank.
En somme, si l’on considère une gamme de services étendue couvrant toute la palette de besoins de la clientèle, il peut en ressortir des écarts conséquents entre les totaux de commissions prélevées par les banques. Et c’est à dessein que nous avons opté pour la comparaison d’un panier étendu de services dans notre enquête. Afin d’affiner la comparaison entre les tarifications proposées par les banques de la place, nous avons retenu trois profils d’utilisateurs : un premier ayant des revenus modestes, un second disposant de revenus moyens, et un troisième bénéficiant de revenus confortables (voir tableau ci-dessus).
Cette distinction permet de proposer des choix optimaux selon le type d’usage du client, étant à préciser que généralement, en fonction de ses ressources, un client a recours à des services donnés avec une fréquence déterminée. Par exemple, une personne aux revenus modestes est plus susceptible de se voir rejeter un chèque pour défaut de provisions, une personne aisée est plus à-même de solliciter des remises de chèques à l’encaissement…
Il va sans dire que les profils proposés sont fournis à titre indicatif. Pour déterminer au mieux la banque la plus indiquée en fonction de son utilisation, le client a tout intérêt à analyser son relevé de compte afin de dresser sa propre liste d’opérations récurrentes pour se décider entre les différentes banques en fonction des prix qu’elles appliquent à ces opérations.
Au final, selon le profil de clientèle considéré, il ressort de notre enquête que le coût des opérations bancaires peut varier de manière notable d’une banque à une autre : jusqu’à 45% de différentiel !
Précisons par ailleurs que les banques proposent des packs bancaires regroupant les services les plus usuels à des tarifs bien plus avantageux que la facturation individuelle des prestations. Mais là aussi, le prix des packs peut varier sensiblement d’une banque à une autre, de même que le contenu des packs qui peut être plus adapté à certains utilisateurs plus que d’autres.
Banque : Le relevé annuel des commissions toujours pas transmis à la clientèle !
Preuve que les banques sont promptes aux excès quand il s’agit de prélèvements de commissions, Bank Al-Maghrib a multiplié les actions de régulation quant à cet aspect ces dernières années. Seul hic, les directives de BAM tardent encore à être appliquées. C’est le cas par exemple pour l’obligation faite aux établissements d’adresser à leurs clients un récapitulatif annuel des commissions et frais prélevés. Même si cette obligation a été introduite par la circulaire n°3/G/10 entrée en vigueur le 5 avril 2010, elle est encore loin d’être généralisée. En fait, jusqu’à présent, seule la Banque Populaire affirme avoir commencé à respecter cette directive pour l’année 2011, à l’exception de toutes les autres banques. L’harmonisation des libellés des relevés de comptes de la clientèle est également une obligation introduite par BAM qui tarde à produire ses effets sur le terrain. Les banques ont en revanche rapidement mis en œuvre la gratuité imposée par BAM sur 16 opérations bancaires parmi les plus courantes depuis mai 2010. Une mesure qui se veut un coup de pouce à la bancarisation, et qui a été accompagnée du reste par l’introduction ces dernières années de la possibilité d’ouverture de comptes à vue sans versement de fonds au préalable.Réda Harmak.
2012-03-02
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