Coalition gouvernementale Une charte de la majorité avec des engagements éthiques et professionnels

La future coalition gouvernementale aspire à resserrer les rangs de ses composantes en évitant les dysfonctionnements dont a souffert le gouvernement précédent, notamment le manque de solidarité et d'homogénéité. A cette fin, une charte ficelée par les quatre partis formant le futur Exécutif retracera les engagements des uns et des autres.


Les grands principes devaient être annoncés vendredi soir après la réunion décisive des quatre chefs de file, même si le président du conseil national du PJD, Saâdeddine El Othmani, a tenu à signaler au Matin que ce n'est pas urgent de publier cette charte qui a été préparée par une commission et qui devrait être enrichie par chacune des quatre composantes de la coalition gouvernementale. C'est un document-cadre qui définira, selon un dirigeant du PPS, les relations entre les membres de la majorité tant au niveau de leurs engagements éthiques que professionnels. L'idée est de travailler en harmonie sous une même houlette et d'assumer ensemble l'action gouvernementale. L'on ne veut pas reproduire les erreurs du passé qui ont choqué l'opinion publique, tient-on à souligner.

Des ministres du même gouvernement se donnaient, en effet, en spectacle et chacun décochait ses flèches vers l'autre sans se soucier du principe de «la solidarité gouvernementale». Dorénavant, on tend vers une véritable équipe qui travaille en étroite collaboration et qui fait circuler en toute transparence l'information entre ses composantes. L'âme de la charte est fondée sur la cohésion des ministres issus de différentes sensibilités. Quelques premières astuces semblent être trouvées par les nouveaux partenaires pour arriver aux objectifs escomptés. A titre d'exemple, il était question -jusqu'à hier après-midi- que les secrétaires généraux des partis alliés, notamment ceux du PPS et du MP, soient nommés ministres d'Etat afin de veiller à l'homogénéité gouvernementale et assurer le bon fonctionnement de l'Exécutif.

A cette disposition s'ajoute le poste du chef de gouvernement adjoint qui aidera Benkirane à bien assurer sa nouvelle fonction. Comme nous l'avions déjà annoncé sur les colonnes du Matin, c'est Abdellah Baha, le bras droit du nouveau chef de l'Exécutif, qui est pressenti pour cette mission. Mais il reste à déterminer si ce poste est compatible aux dispositions de la Constitution. Par ailleurs, d'autres points figureront dans la nouvelle charte ayant trait notamment aux libertés individuelles et à l'égalité du genre. Le but est de pouvoir dissiper les craintes qui ont émergé après l'annonce de la victoire du parti de la lampe. Des craintes infondées, tiennent à souligner des dirigeants progressistes en défendant leur décision de participer au gouvernement. D'ailleurs, sans attendre la signature de ce document, le chef de gouvernement désigné Abdelilah Benkirane avait souligné que le PJD ne toucherait pas aux libertés individuelles et ne pourra pas aller à l'encontre des engagements internationaux du Maroc.

L'idée de la charte de la majorité rentre dans le cadre des principes du PJD. Celui-ci est habitué à ce genre d'actions au niveau interne de son parti. Les parlementaires pjdistes disposent de leur propre charte qui les exhorte à assumer pleinement leur responsabilité et à se conformer aux instances décisionnelles du parti. Quelques amendements seront introduits à cette charte, aujourd'hui (samedi), par le conseil national qui se réunit également pour adopter la charte des ministres. Laquelle comprend bon nombre d'engagements dont le professionnalisme, la transparence ainsi que la relation qui lie les ministres à la direction de leur parti. A l'instar des députés, les futurs responsables gouvernementaux du PJD sont appelés à donner une contribution financière mensuelle à leur parti qui tournera autour de 20 % de leurs salaires. Le conseil national du parti de la lampe devra également adopter la procédure de désignation des ministres et donner, ainsi, le coup d'envoi aux nominations au niveau interne.



Par Jihane Gattioui
Publié le : 16.12.2011 | 17h26