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Conseil de la concurrence: OPA sur les télécoms? L'économiste Édition N° 3537 du 2011/05/25
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Conseil de la concurrence: OPA sur les télécoms? L'économiste Édition N° 3537 du 2011/05/25
- Une étude de l’instance conclue à une faible compétition dans le secteur.
- Téléphonie mobile, forte concentration du marché
Les télécoms viennent de faire l’objet d’une étude présentée le 25 mai à Rabat par le Conseil de la concurrence. Le Conseil a mandaté le cabinet Masnaoui Mazars pour dresser un état des lieux de la concurrence dans la téléphonie mobile et analyser les mécanismes concurrentiels du secteur.
L’étude a fait un tour d’horizon de l’évolution du marché GSM à l’international et en Afrique. Le secteur «a connu la plus grande croissance durant ces dix dernières années». Selon l’Union internationale des télécommunications (UIT), «les marges deviennent moins importantes et la rentabilité diminue, surtout pour les petits opérateurs».
Ce revirement impose un changement de comportement en termes de partage d’infrastructure, de réduction des coûts d’acquisition, d’amélioration des services (mobile banking, 3G…) et de consolidation du marché (fidélisation de la clientèle…).
D’où l’intérêt de l’interconnexion dont la tarification est fixée par le régulateur (ANRT).
L’Agence a privilégié dans les années 2000 le principe d’une symétrie tarifaire. Les demandes récurrentes de Méditel pour des tarifs asymétriques d’interconnexion ne seront accordées qu’après l’entrée d’Inwi sur le marché de la téléphonie mobile en 2010. Mais dès 2013, la symétrie tarifaire redeviendra la règle.
Le partage d’infrastructure soulève aussi des interrogations liées au partage de revenu, à la stratégie concurrentielle et à la régulation. L’étude relève que «les leviers déployés par l’ANRT pour promouvoir la concurrence n’ont pas tous atteint leurs objectifs…». Elle cite ainsi la difficulté de partage d’infrastructure contre un prix raisonnable, l’échec de la portabilité (possibilité de changer d’opérateur tout en gardant le même numéro), les risques d’abus de position dominante et d’entente sur les prix. De telles pratiques «n’ont jamais fait l’objet d’enquête de la part de l’ANRT qui dispose pourtant du droit de s’autosaisir, ni de la part du Conseil de la concurrence qui n’a jamais été consulté à ce sujet…». En filigrane, c’est le conflit de compétence qui oppose les deux instances qui émerge. Les réformes en cours des deux institutions promettent, tant chacune tente le tout pour le tout pour préserver son territoire. Face aussi à la croissance de la demande en matière de téléphonie, il y a une inégalité des ménages vis-à-vis dépenses de communication: 11 DH/personne chez les ménages modestes contre 534,4 DH/personne pour les plus aisés.
Ce constat date pourtant de 2000-2001. Il y a sept ans, la demande représentait 5,8 milliards de DH dont 25% pour la téléphonie mobile. Sachant que la majorité des entreprises perçoivent «les prix d’abonnement et des communications excessifs».
La forte croissance de la demande «incitait peu les opérateurs à mener des stratégies concurrentielles agressives», relève l’étude.
En matière d’offre, son constat n’est guère reluisant: «Le marché a offert une quantité de plus en plus importante mais à des prix très légèrement en baisse». Et qui est «due probablement à la faiblesse de l’intensité concurrentielle».
«Votre correspondant ne peut être joint…»
SEUL Maroc Télécom, en la personne d’Elisabeth Cotte, directrice de la Réglementation, a répondu présent à l’invitation du Conseil de la concurrence. Les deux autres opérateurs et l’agence de régulation (ANRT) ont boudé la présentation de l’étude. Or la démarche du Conseil de la concurrence «est de recueillir les observations de toutes les parties concernées afin de les intégrer dans le rapport final», explique Hassan Berri, directeur des études et de l’information au Conseil de la concurrence. Les consultants du cabinet Mazars Masnaoui ont pour leur part regretté «le manque d’implication» des opérateurs et de l’ANRT. Et devaient donc composer avec la difficulté d’accéder à l’information. Ils se sont ainsi rabattus entre autres sur les rapports d’activités, les notes d’information et les décisions de l’ANRT. Nabil Bayahya, directeur associé chez Masnaoui Mazars, ajoute qu’il y a eu aussi «recours à des indices de perception». Les données de l’Union internationale de la télécommunication leur ont été d’un grand secours pour démontrer notamment que «les niveaux de maturité très variables en matière de téléphonie mobile en Afrique». Cette difficulté d’accès à l’information n’atténue-t-elle pas la pertinence de l’étude?
Abdou Diop, directeur associé chez Masnaoui Mazars, le reconnaît à demi-mot : «Cette 1re étude est un début et pourrait être enrichie si les opérateurs s’impliquent plus». Mais l’étude sur la concurrentiabilité de la téléphonie mobile livre des indices précieux, tels que le degré de concentration du marché, la politique des prix… Et qui pourraient servir à une éventuelle enquête pour déceler des ententes sur les prix. L’étude cache un autre enjeu. Celui d’un bras de fer entre le Conseil de la concurrence et l’Agence nationale de la réglementation des télécommunications.
F. F.
- Téléphonie mobile, forte concentration du marché
Les télécoms viennent de faire l’objet d’une étude présentée le 25 mai à Rabat par le Conseil de la concurrence. Le Conseil a mandaté le cabinet Masnaoui Mazars pour dresser un état des lieux de la concurrence dans la téléphonie mobile et analyser les mécanismes concurrentiels du secteur.
L’étude a fait un tour d’horizon de l’évolution du marché GSM à l’international et en Afrique. Le secteur «a connu la plus grande croissance durant ces dix dernières années». Selon l’Union internationale des télécommunications (UIT), «les marges deviennent moins importantes et la rentabilité diminue, surtout pour les petits opérateurs».
Ce revirement impose un changement de comportement en termes de partage d’infrastructure, de réduction des coûts d’acquisition, d’amélioration des services (mobile banking, 3G…) et de consolidation du marché (fidélisation de la clientèle…).
D’où l’intérêt de l’interconnexion dont la tarification est fixée par le régulateur (ANRT).
L’Agence a privilégié dans les années 2000 le principe d’une symétrie tarifaire. Les demandes récurrentes de Méditel pour des tarifs asymétriques d’interconnexion ne seront accordées qu’après l’entrée d’Inwi sur le marché de la téléphonie mobile en 2010. Mais dès 2013, la symétrie tarifaire redeviendra la règle.
Le partage d’infrastructure soulève aussi des interrogations liées au partage de revenu, à la stratégie concurrentielle et à la régulation. L’étude relève que «les leviers déployés par l’ANRT pour promouvoir la concurrence n’ont pas tous atteint leurs objectifs…». Elle cite ainsi la difficulté de partage d’infrastructure contre un prix raisonnable, l’échec de la portabilité (possibilité de changer d’opérateur tout en gardant le même numéro), les risques d’abus de position dominante et d’entente sur les prix. De telles pratiques «n’ont jamais fait l’objet d’enquête de la part de l’ANRT qui dispose pourtant du droit de s’autosaisir, ni de la part du Conseil de la concurrence qui n’a jamais été consulté à ce sujet…». En filigrane, c’est le conflit de compétence qui oppose les deux instances qui émerge. Les réformes en cours des deux institutions promettent, tant chacune tente le tout pour le tout pour préserver son territoire. Face aussi à la croissance de la demande en matière de téléphonie, il y a une inégalité des ménages vis-à-vis dépenses de communication: 11 DH/personne chez les ménages modestes contre 534,4 DH/personne pour les plus aisés.
Ce constat date pourtant de 2000-2001. Il y a sept ans, la demande représentait 5,8 milliards de DH dont 25% pour la téléphonie mobile. Sachant que la majorité des entreprises perçoivent «les prix d’abonnement et des communications excessifs».
La forte croissance de la demande «incitait peu les opérateurs à mener des stratégies concurrentielles agressives», relève l’étude.
En matière d’offre, son constat n’est guère reluisant: «Le marché a offert une quantité de plus en plus importante mais à des prix très légèrement en baisse». Et qui est «due probablement à la faiblesse de l’intensité concurrentielle».
«Votre correspondant ne peut être joint…»
SEUL Maroc Télécom, en la personne d’Elisabeth Cotte, directrice de la Réglementation, a répondu présent à l’invitation du Conseil de la concurrence. Les deux autres opérateurs et l’agence de régulation (ANRT) ont boudé la présentation de l’étude. Or la démarche du Conseil de la concurrence «est de recueillir les observations de toutes les parties concernées afin de les intégrer dans le rapport final», explique Hassan Berri, directeur des études et de l’information au Conseil de la concurrence. Les consultants du cabinet Mazars Masnaoui ont pour leur part regretté «le manque d’implication» des opérateurs et de l’ANRT. Et devaient donc composer avec la difficulté d’accéder à l’information. Ils se sont ainsi rabattus entre autres sur les rapports d’activités, les notes d’information et les décisions de l’ANRT. Nabil Bayahya, directeur associé chez Masnaoui Mazars, ajoute qu’il y a eu aussi «recours à des indices de perception». Les données de l’Union internationale de la télécommunication leur ont été d’un grand secours pour démontrer notamment que «les niveaux de maturité très variables en matière de téléphonie mobile en Afrique». Cette difficulté d’accès à l’information n’atténue-t-elle pas la pertinence de l’étude?
Abdou Diop, directeur associé chez Masnaoui Mazars, le reconnaît à demi-mot : «Cette 1re étude est un début et pourrait être enrichie si les opérateurs s’impliquent plus». Mais l’étude sur la concurrentiabilité de la téléphonie mobile livre des indices précieux, tels que le degré de concentration du marché, la politique des prix… Et qui pourraient servir à une éventuelle enquête pour déceler des ententes sur les prix. L’étude cache un autre enjeu. Celui d’un bras de fer entre le Conseil de la concurrence et l’Agence nationale de la réglementation des télécommunications.
F. F.
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